"La résurrection? Mais vous en avez des signes au quotidien!" affirme Georges Haldas

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"La résurrection? Mais vous en avez des signes au quotidien!" affirme Georges Haldas

28 mars 2002
A 85 ans, Georges Haldas évoque avec impétuosité et passion la résurrection du Christ
Au point d'en oublier de rallumer son cigare éteint! Loin d'être une réalité mystérieuse qui échappe complètement à l'être de raison, la résurrection se goûte dans des expériences du quotidien. Des expériences qui indiquent que l'être humain peut sortir de l'espace-temps et savourer ici et maintenant des bribes d'éternité. Un propos à découvrir!"J'ai mis une quarantaine d'années à entrevoir ce qu'était la résurrection. Ça ne m'est pas venu d'une illumination ou d'une révélation religieuse, mais de ma pratique d'écrivain-chroniqueur." Derrière ses lunettes arrondies, les yeux de Georges Haldas pétillent. La résurrection, il y tient! Pour preuve: dans son livre "Marie de Magdala", il ausculte le récit évangélique comme s'il participait en temps réel à la découverte du tombeau vide. Dans "Mémoire et résurrection", il montre combien la résurrection n'est ni un "phénomène isolé qui tombe du ciel ni une réalité complètement miraculeuse".

L'exercice de la mémoire et la résurrection

Pour ce chroniqueur du quotidien, compagnon de route de l'Internationale communiste pendant de longues années, la vie de tous les jours renferme des traces de la résurrection. L'exercice de la mémoire par exemple. Pour Georges Haldas, faire mémoire d'un être cher ne constitue pas un retour dans le passé, c'est plutôt rendre présent en nous ce qui est révolu en dehors de nous. "Il y a là un petit signe de la réalité de la résurrection. En effet, explique l'auteur de "La légende du football", la mémoire renferme une zone qui échappe à l'espace et au temps, et qui ouvre un accès au Royaume de la résurrection où il n'y a plus d'espace-temps."

Autre expérience du quotidien qui renvoie à la résurrection: Georges Haldas aime raconter un vécu de dédoublement personnel. Un jour à l'aube alors qu'il finissait de dormir, il se trouve à deux ou trois mètres au-dessus de son corps étendu. "J'étais à ce moment-là totalement libéré de mon enveloppe corporelle, tout en étant moi-même avec mon histoire, ma sensibilité, mes affects. J'étais vraiment non espace-temps. Je ne veux pas en faire un plat, parce qu'on pourrait me dire que c'était fantasmatique. Mais je crois néanmoins que c'est un signe de la résurrection".

L'activité d'écrire recèle un troisième indice de la résurrection. "Les lettres et les mots d'une phrase couchés sur le papier doivent mourir pour que le sens se dégage. Toutes les lettres et tous les mots qui ont participé à la genèse du sens vivent dans le sens, mais libéré de l'espace et du temps où ils étaient sur la page." Pour l'écrivain philosophe, la résurrection est fondamentalement un processus libérant en nous "la graine" qui échappe à l'espace et au temps.

§Un retournement fondamentalLa résurrection du Christ est donc emblématique de ce passage du monde de l'espace-temps avec toutes ses vicissitudes au non espace-temps, à l'éternité où tout est inversé. Et toute la vie du Christ renvoie à ce retournement fondamental où la vie succède à la mort, à cette insurrection contre ce qui nous fait office d'évidences. "Dans le monde économique plus vous dépensez, relève Georges Haldas, plus vous vous appauvrissez. Dans le Royaume du non espace-temps, c'est tout le contraire. Plus vous vous dépensez pour l'autre, plus vous vous enrichissez." Le Christ ne nie ni le biologique, ni le social. Il est au-delà. "Cette vie de résurrection telle qu'elle est ouverte par le Christ, commande une manière d'être qui se prépare maintenant en choisissant de vivre une vie de relations marquées par l'anti-puissance, par l'anti-meurtre, par une manière de vivre bénéfique pour autrui."

§Entre confiance et angoisseA 85 ans, Georges Haldas ne cache pas sa peur de la mort. Sa confiance dans la Source (Dieu) ne gomme pas les temps d'angoisse intense. "Parfois, tout est lumineux, confesse-t-il. Face à la mort, je suis dans la confiance du matin de Pâques et de la résurrection que m'offre le Christ." Mais à d'autres moments, l'écrivain-chroniqueur se dit ravagé par le doute. "Et si tout cela n'était que du bidon? La manifestation d'une formidable lâcheté de ma part? L'expression de la peur que rien de ce que nous vivons ne laisse de trace?" Et de souligner ensuite combien il aime toujours et encore la vie: la mer, la lumière de la Grèce, le pâté en croûte, la saucisse à rôtir, les femmes. "En fait il n'y a pas une particule de vie que je n'ai pas aimée, ajoute-t-il. Et m…! Il faudra que je me sépare de cela!"



La résurrection dans les livres de Georges Haldas

Plusieurs ouvrages de Georges Haldas renferment des développements autour de la résurrection. En voici deux:

- "Marie de Magdala", Lausanne, L'Age d'homme, Poche suisse, 1999.

- "Mémoire et résurrection, Chronique extravagante", Lausanne, L'Age d'homme, 1991.

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