Drame du sida en Chine

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Drame du sida en Chine

15 avril 2002
En juin dernier, le ministre chinois de la santé rompait un tabou en avouant que le pays comptait quelque 600'000 séropositifs, un chiffre à multiplier par dix selon certains experts indépendants
Depuis lors a éclaté un énorme scandale du sang contaminé vite transformé en affaire d’Etat. Pendant des années, des millions de paysans pauvres ont vendu leur sang pour survivre, alimentant un gigantesque marché qui a abouti à transmettre le virus du HIV non seulement à des milliers de receveurs, mais également aux donneurs eux-mêmes.

Le Henan, province rurale sans autre ressource que ses 90 millions d’habitants, a été l’épicentre de la propagation de l’épidémie. La contamination a été augmentée par l’usage de centrifugeuses qui permettait d’extraire sur place le plasma puis de réinjecter le résidu – essentiellement des globules rouges – au donneur. Ce procédé appelé plasmaphérèse a été utilisé par des centaines de banques de sang privées et publiques dans la seule province du Henan. La collecte se faisait en l’absence des plus élémentaires règles prophylactiques : la seule vérification était celle du groupe sanguin et les aiguilles étaient utilisées plusieurs fois. Plusieurs donneurs étant reliés simultanément à la même centrifugeuse qui, après avoir écrémé le plasma leur réinjectait une fraction du mélange résiduel, il suffisait d’un seul séropositif pour contaminer un pool de 6 à 12 personnes. Selon les estimations, un million de Chinois auraient ainsi contracté le virus.