De l'animation de jeunesse à la casquette de gardien

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De l'animation de jeunesse à la casquette de gardien

13 juin 2002
Marié, père de deux enfants, André Salesse appartient à cette nouvelle famille d’agents de détention qui n’a plus grand chose à voir avec les matons cogneurs
Ancien aide hospitalier, il a passé deux ans en tant qu’animateur jeunesse de 6 paroisses catholiques du centre de Lausanne. « Arrivé à la fin de mon mandat, je me suis retrouvé dans une soirée organisée à Bellevaux par le diacre Henri Chabloz. Charles Péquignot évoquait son travail. Nous avons parlé un peu et j’ai décidé de tenter le coup ». André l’avoue sans honte : la peur lui tordait le ventre lorsqu’il a franchi pour la première fois le portail de Bois-Mermet. « Je ne savais pas à quoi m’attendre, je craignais les détenus. Je me suis vite aperçu qu’avec un minimum d’autorité et d’humanité, on peut avoir un contact presque normal avec eux ». Début 2001, après huit mois, André change d’établissement et se retrouve à La Croisée d’Orbe, qui offre 128 places de préventive. Il avoue se sentir plutôt bien dans son uniforme de surveillant. « Je ne veux pas prendre tous les malheurs sur mes épaules. Je me dis simplement que je fais un bout de route avec l’un ou l’autre. Et que le lendemain, il y en aura peut-être un autre ».

§"La seule liberté? la TV !"D’après un rapport parlementaire français, 10% des « ex taulards » suivent un traitement psychiatrique à vie. « Les éducateurs et les aumôniers viennent à la demande. Nous, nous sommes simplement là. En prison, la seule liberté c’est de s’abrutir devant la télévision. Pour le reste, les ateliers, le sport, l’infirmerie, les détenus ont besoin des gardiens. J’essaie de ne pas profiter de ce pouvoir, et de considérer mon trousseau de clés comme un moyen de rencontre ».

Quand on lui demande ce qu’apporte sa foi dans son travail, André répond que la différence est peut-être dans la manière de regarder l’autre. « Si on pense en voyant un prisonnier : il a fait le con et il continuera, on ne met pas d’espérance dans la vie de cette personne. En tant que chrétien, je cultive l’espoir que ça aille mieux, que certains s’en sortent. Tout en sachant que je suis juste un instrument de Dieu, mis sur la route d’une personne durant une étape de sa vie ».