Un pasteur portugais aide les jeunes à croire en leur avenir

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Un pasteur portugais aide les jeunes à croire en leur avenir

27 juin 2002
Depuis 1994, Andreas Ding redonne espoir et dignité à une cinquantaine d’adolescents de Cova e Gala
Durement touchée par les quotas européens, la bourgade de pêcheurs vit un équilibre économique et social précaire. Loisirs, formation et information constituent les trois axes du projet « aZone », soutenu par l’Entraide protestante suisse (EPER). Rencontre avec ce pasteur qui met sa tendresse et son énergie au service d’adolescents en perte de repères. Cova e Gala: de l’autre côté, Figueira da Foz, station balnéaire située sur la côte méridionale du Portugal. Géographiquement, un pont sépare les deux villes. Dans les faits, bien davantage. Malgré la statue de pêcheur qui accueille les touristes à Figueira, les hommes de la mer vivent dans la bourgade d’en face. Ou du moins ils essaient. Car depuis les directives de l'Union européenne et l’arrivée des quotas, ils peinent à nourrir leurs familles. Certains partent vers des eaux plus accueillantes, d'autres se réfugient dans l'alcool et la déprime. C'est dans ce contexte économique et social précaire que le pasteur Andreas Ding travaille. Depuis 1994, il accompagne les jeunes et les aide à croire en leur avenir.

Comme souvent ici, tout a commencé autour du ballon. En 1994, Andreas Ding arrive du Brésil, d'une année partagée entre l'étude de la théologie de la libération et les gosses de Sao Paulo. « Je me suis demandé comment approcher les adolescents de Cova. Un tournoi de football m’a semblé la bonne solution pour les faire venir », se rappelle ce géant au teint hâlé. L’événement recueille son petit succès, bientôt suivi par un camp d’été qui constituera le vrai départ du projet « aZone », soutenu par l’Entraide protestante suisse (EPER).

§Redonner l’envie d’avancer« A part les cafés, rien n’était prévu pour les jeunes. Ils trompaient leur mal de vivre en flirtant avec la délinquance ou la drogue. Je tente de leur redonner espoir, de les persuader qu’ils peuvent construire leur vie et que ça commence par l’envie de terminer l’école, de s’intéresser à un métier et d'abandonner les hallucinogènes ». Le pasteur le sait pourtant : l’importante croissance économique du Portugal des 15 dernières années a ses exclus en perte de repères. Amener une cinquantaine d’adolescents à croire en eux ne va donc pas sans mal. Les perspectives professionnelles demeurent incertaines. Et pire que la pauvreté économique, il y a ce sentiment d’exclusion d’une société en bouleversement constant. « Je dois leur dire de s’insérer dans un système qui les exclut, que c’est leur seule chance. Et ce n’est pas facile ».

« AZone » développe les loisirs, du sport à la musique ; encourage à la formation et à l’information. « J’apprends qu’aider les autres, notamment les plus jeunes, constitue aussi une chance de m’aider moi-même », raconte Victor qui commence un stage dans le social.

Andreas Ding développe avec ses protégés une relation basée sur la confiance et l’amitié. « Je ne leur impose rien, je suis simplement là pour eux. Des idées naissent, se concrétisent ou non. C’est à eux de décider quelles sont les activités importantes qui méritent d’être poursuivies ».

Le pasteur dépend de l’Eglise presbytérienne portugaise, mais se refuse à tout embrigadement. « Sans ma foi, je ne pourrais pas faire ce travail. Je ne traîne personne à l’église, ce qui ne nous empêche pas de discuter souvent du sens de la vie ou de Dieu. Je ne suis pas là pour trouver des fidèles, mais pour aller à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est de grandir ensemble ».