"L'affaire Marie-Madeleine" de Gérald Messadié relance la polémique sur la résurrection

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

"L'affaire Marie-Madeleine" de Gérald Messadié relance la polémique sur la résurrection

18 juillet 2002
Avec « L’affaire Marie-Madeleine », Gérald Messadié reprend l’hypothèse selon laquelle Jésus ne serait pas mort sur la croix mais à Srinagar au Cachemire
Une fiction qui rend à Marie de Magdala un bel hommage et remet en cause la résurrection. Dans la foulée, il faut lire le très bel « Evangile de Marie », texte attribué à Myriam de Magdala, écrit autour de l’an 150, et retrouvé en Haute-Egypte, qu’a traduit et commenté Jean-Yves Leloup.En fin connaisseur des Ecritures qu’il a annotées dans un pavé érudit intitulé « Les cinq secrets dans la Bible », Gérald Messadié est également un auteur romanesque à succès, notamment avec sa série « L’Homme qui devient Dieu ». Son dernier roman, « L’affaire Marie-Madeleine », reprend l’hypothèse qu’il développa dans « Jésus de Srinagar », (éd. Laffont, 1995) selon laquelle le Seigneur ne serait pas mort sur la croix mais sauvé par un complot dont Marie de Magdala aurait été l’instigatrice. Il aurait vécu encore quelques temps parmi les siens avant de s’exiler au Cachemire où vivait une importante communauté juive et où se trouve aujourd’hui un tombeau de Jésus.

L’auteur accrédite la théorie que l’Américaine Babara Thiering soutint en 1992 dans son ouvrage « Jésus, l’Homme, une nouvelle interprétation des manuscrits de la mer Morte », selon laquelle Jésus aurait été drogué avant d’être crucifié et aurait survécu à son supplice, après qu’on l’eut arraché au tombeau. Cette thèse nie la résurrection, pilier central du message chrétien, et rend très invraisemblable l’engagement total des apôtres qui ne craignirent ni les supplices ni la mort pour annoncer la Bonne Nouvelle.

Gérald Messadié imagine autour de cette hypothèse tout un scénario qui donne la vedette à Marie de Magdala, dont il fait la compagne de Jésus. Il n’est pas le premier à réhabiliter la pécheresse des Evangiles canoniques. Lors de la publication en français de « L’Evangile de Marie », dont le manuscrit copte est conservé depuis 1896 au Département d’égyptologie des musées nationaux de Berlin, et qu’on fait remonter aux alentours de l’an 150, le théologien orthodoxe Jean-Yves Leloup présente Marie-Madeleine, premier témoin de la résurrection comme une initiée ayant vécu une relation privilégiée avec le Maître, et par là même comme fondatrice du christianisme, bien avant Paul.

Gérald Messadié, lui, voit en elle celle par qui la rumeur de la résurrection a pris forme, et fut à l'origine, selon lui, d’une formidable mais involontaire imposture. D’après lui, les juifs et les chrétiens de la première heure se seraient laissés berner par une rumeur. La thèse fait grincer des dents et alimente des sites sur Internet où théologiens, chercheurs et croyants réfutent cette hypothèse, démonstrations théologiques et historiques à l'appui.

La question n’a pas fini d’agiter les esprits. Avec sa version largement romancée, Messadié amène de l’eau au moulin de ceux qui ne voient pas dans la résurrection un formidable acte de foi. L’essor du christianisme aurait-il pu se développer sur une vaste duperie ? A chacun de chercher des réponses dans les textes fondateurs pour se forger ses certitudes.

§L’affaire Marie-Madeleine, Gérald Messadié, éd. JC Lattès, 2002.§L’Evangile de Marie, Jean-Yves Leloup, éd. Albin Michel, 1998.