Les Eglises protestantes planchent sur leur visibilité

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Les Eglises protestantes planchent sur leur visibilité

8 août 2002
A l’heure de la communication globale, les protestants de Suisse romande planchent sur la manière de mieux faire rayonner leur pensée et leurs activités
Il leur a fallu se faire violence, tant la réserve fait partie de leur conviction que témoigner d’un Dieu discret relève d’une attitude de vie plutôt que d’un battage médiatique. Pour faire face à la déchristianisation de la société, ils acceptent de se montrer dans leur déconcertante diversité. Et entament une réflexion sur la nécessité - ou non! - de se faire voir, qui fait l’objet d’un dossier édité récemment par l’Institut Romand de Pastorale. Les Eglises protestantes de Suisse romande se soucient d’améliorer leur communication pour être mieux présentes dans les médias laïques, et dans l’espoir de corriger en partie le traitement inégal qui leur est fait dans la presse, alors même que la Suisse romande est partagée équitablement entre catholiques et protestants. Il faut imputer cette disproportion en partie à la déconcertante diversité du protestantisme, son absence de prise de position unique et centralisée, le respect de la liberté de pensée et l’absence de toute hiérarchie. Les décisions et les faits et gestes d’une figure médiatique comme celle du pape ont le mérite d’être tranchées et peuvent être relayées aisément, alors que la mosaïque des opinions protestantes se prête difficilement à la médiatisation simplificatrice.

Au début de cette année,la Conférence des Eglises Romandes a mis l'accent sur la communication lors de son assemblée générale. A Berne, la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) est en train de revoir toute sa philosophie de la communication, qui s’orientera vraisemblablement vers une centralisation plus marquée. Son nouveau directeur de la communication, Simon Weber, aura pour tâche de la mettre en pratique dès la fin de l’année.

La Commission informatique des Eglises Protestantes de Suisse Romande, pour sa part, a revu tout son site www.protestant.ch et présente sa nouvelle conception et son nouveau look ce mercredi 4 septembre à Yverdon-les-Bains.

§Remue-méninges genevoisDe son côté, l’Eglise Protestante Genevoise (EPG) a entamé au début de l’année une réflexion pour améliorer sa communication au cours de ses « Assises de l’information ».

L’Institut Romand de Pastorale a consacré vient de publier un dossier sur « Les Eglises au risque de la visibilité ». Félix Moser, professeur de théologie pratique à l’Université de Genève, y aborde la difficulté de « voir un Dieu discret dans une société marquée par le spectacle ». Il explique le repli actuel des croyances dans la sphère du privé par la peur de la tension entre idéal irréalisable et pratique imparfaite. « Les chrétiens n’ont pas honte de l’Evangile, mais de la manière dont ils l’incarnent ». Il rappelle le refus protestant des sacralisations et la réticence à vouloir démontrer et montrer de façon certaine où et comment Dieu agit. Il ne faut pas, conclut-il toutefois, « prendre pour alibi ce refus des sacralisations pour se dérober à la tâche d’être pleinement une Eglise parmi d’autres dans l’espace public ». La question se pose alors de savoir jusqu’où les Eglises, sachant ce qui intéresse les médias, doivent-elles prendre des décisions ou créer des événements à seule fin d’y être présentes.