Sommet de la Terre à Johannesburg :Le Conseil fédéral est prié d'imposer le développement durable en Suisse

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Sommet de la Terre à Johannesburg :Le Conseil fédéral est prié d'imposer le développement durable en Suisse

13 août 2002
« Le développement durable a été sacrifié sur l’autel de la mondialisation économique et l’on court au désastre écologique »
Lors de la conférence de presse tenue aujourd’hui à Berne à la veille du Sommet mondial pour le développement durable à Johannesbourg, les délégués de la Communauté de travail des œuvres d’entraide suisse et Greenpeace n’ont pas mâché leurs mots. La Suisse est montrée du doigt pour avoir pratiqué un développement à l’opposé d’une utilisation durable des ressources, soucieuse avant tout de se soumettre à aux règles de la libéralisation du commerce mondial. « Nous n’échapperons pas à une catastrophe écologique si les cinq milliards d’habitants des pays en développement vivaient comme nous en Suisse ! » Le pronostic posé lors de la conférence de presse de la Communauté de travail des œuvres d’entraide suisses et Greenpeace est alarmant.

A deux semaines du sommet mondial pour le développement durable à Johannesburg où elle se rendra comme déléguée de la Communauté de travail (Swissaid/Action de Carême/Pain pour le Prochain/Helvetas/ Caritas), Rosmarie Bär fait un constat sévère de la façon dont notre pays a privilégié un type de développement à l’opposé des engagements pris au sommet de la terre tenu à Rio, il y a dix ans.

§Pollution accablante « Non seulement nous n’avons pas pris le cap d’un développement durable, mais nous nous en sommes même sensiblement éloignés ». Les chiffres donnés par Heini Glauser, président de la Fondation Greenpeace Suisse, sont éloquents : pendant ces dix dernières années, les émissions totales de gaz carbonique (CO2) dans le monde ont atteint le quart des émissions entraînées au cours des deux derniers siècles par la seule utilisation de l’énergie. La consommation d’énergie ne cesse d’augmenter, en particulier dans les pays industrialisés du Nord qui sont aujourd’hui déjà de gros consommateurs.

Dans le même temps au sud, deux milliards d’être humains attendent d’avoir accès aux énergies renouvelables et le nombre de ceux qui sont privés de l’accès à l’électricité ne cesse d’augmenter. L’écosystème de la terre est menacé par un gaspillage des ressources sans précédent. La politique de libéralisation et la globalisation de l’économie ont accentué la pauvreté dans le monde et l’exploitation des ressources naturelles.

§Energies renouvelables pour tousPour Greenpeace comme pour la Communauté de travail des œuvres d’entraide, il est urgent d’encourager les sources d’énergie renouvelables, énergie solaire, énergie éolienne et énergie tirée de la biomasse. Les deux organisations invitent le Conseil fédéral à prendre des décisions claires, à caractère contraignant au prochain Sommet mondial de Johannesburg, afin de ne plus être en contradiction avec la position progressiste que notre pays adopte sur la scène internationale. Un programme d’encouragement global pour les énergies renouvelables et des lois réglementant la responsabilité civile internationale en matière d’environnement doit être mis en oeuvre par les autorités en Suisse. La priorité doit être donnée aux accords environnementaux et sociaux et non plus aux règles commerciales de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Enfin, elles demandent que soient mises en vigueur au plus vite les Conventions et les Protocoles de Rio déjà négociés.

Alexandra Capeder, la déléguée de Greenpeace, a également demandé à la délégation suisse de se mobiliser pour que des lois en matière de responsabilité civile globale pour les dégâts causés à l’environnement soient élaborées. Elle a rappelé que les multinationales s’en tirent trop souvent sans être punies, alors même qu'elles ont causé des dommages extrêmement graves à l’environnement. L’un des exemples célèbres est la catastrophe de Bhopal en 1984, lors de laquelle 40 tonnes d’isocyanate de méthyle se sont échappées de l’usine de pesticides du groupe américain Union Carbide en Inde centrale. La Dow Chemical, qui a racheté le groupe américain, a en effet toujours refusé de donner suite aux plaintes des victimes.