L'Année de la Bible intéresse-t-elle les Romands?

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L'Année de la Bible intéresse-t-elle les Romands?

16 août 2002
En Suisse, comme dans plusieurs pays européens dont l’Allemagne et la France, 2003 sera l’occasion de célébrer et de présenter la Parole sous de multiples aspects
Du côté des paroisses romandes, l’enthousiasme ne semble pourtant pas au rendez-vous. Déficit d’information ou absence d’intérêt pour cette mise en valeur des sources de la foi ? L’Année de la Bible, c’est pour 2003. En Suisse, mais aussi en Allemagne, en Autriche, en France et dans le Bénélux, des gens se mobilisent pour remettre la Parole au milieu du village. "Née en Allemagne avec un esprit oecuménique, l’idée consiste d’une part à rappeler l’importance des textes saints pour notre histoire comme pour notre culture, mais aussi à favoriser la découverte et la lecture auprès d'un public aussi large que possible", explique Daniel Galataud, de la Société Biblique Suisse.

Travailler de concert à l’annonce du message divin et rappeler sa pertinence dans le contexte actuel, voilà un beau défi pour les Eglises. Pourtant, du côté des réformés romands, l’enthousiasme ne semble pas au rendez-vous. Ainsi, les paroisses n’ont envoyé qu’une vingtaine de propositions d’animations. « Il est vrai que nous avons dû revoir nos ambitions à la baisse, notamment en ce qui concerne des événements supra régionaux, confirme Daniel Galataud. Nous n’avons par ressenti le dynamisme espéré, comme si toutes les énergies étaient déjà occupées ailleurs ».

§Le train en marcheEn principe, le comité de pilotage devait être composé d’un représentant de chaque Eglise chrétienne. Mais chez les protestants romands, personne ne s’est proposé et c’est finalement à Daniel Galataud qu'il a été demandé de les représenter. Problème de communication de ce côté-ci de la Sarine ? Cet aspect se trouve souvent évoqué, notamment par la théologienne Marie-Christine Varone, membre du comité de pilotage en tant que responsable de l’Association biblique catholique : « Les romands prennent le train en marche, mais je crois qu’il y a eu un véritable déficit d’information sur ce projet ». Ce professeur à l’Université de Fribourg reconnaît pourtant que cette absence d’engouement pose des interrogations plus larges. « On peut se demander si les Ecritures demeurent prioritaires pour les chrétiens, si elles constituent toujours une source dont on attend impulsion et sens. Du côté catholique, Vatican II a marqué un important renouveau biblique, mais aujourd’hui la mode est plutôt au dialogue interreligieux ou aux gnoses modernes ».

Membre du comité de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), le pasteur vaudois Raymond de Rham ne nie pas le problème de fond, mais se veut rassurant en ce qui concerne l’organisation de l’événement lui-même. « Du côté des Eglises réformées, nous avons consacré beaucoup d’argent et de temps pour la consultation oecuménique et Expo 02. Vouloir se confronter à la Parole, mais nous faisons ça depuis 150 ans !». Non sans un clin d’œil, Raymond de Rham préfère donc se dire que la Bible demeure tellement présente dans la vie des protestants qu’y penser spécialement en 2003 ne constitue pas vraiment une nouveauté. On veut le croire. En attendant, une conférence de presse prévue début septembre a été reportée, car jugée prématurée, et la parution du cahier d’idées au niveau national a d’ores et déjà pris du retard.