Les facultés de théologie protestante sont contraintes de s’entendre

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Les facultés de théologie protestante sont contraintes de s’entendre

6 septembre 2002
Le ton est cette fois à la fermeté. Avant la fin de la semaine, les rectorats des Universités de Genève, Lausanne et Neuchâtel adresseront à leurs facultés de théologie respectives une lettre empreinte de vigueur
Incapables d’aboutir à un accord malgré deux ans de négociations, les doyens ont jusqu’à fin novembre pour entériner un projet d’intégration des trois entités académiques de la théologie réformée romande. Historique et perspectives d’un tournant décisif. Michel Rousson ne cache pas son impatience. En même temps que ses collègues lausannois et genevois, le vice-recteur de l’Université de Neuchâtel s’apprête à signer une mise en garde à l’intention des doyens de théologie. Fin novembre au plus tard, ces derniers devront se mettre d’accord sur un projet d’intégration des trois facultés. En clair, les autorités des trois Alma Mater estiment leur avoir laissé suffisamment de temps pour s’entendre.

§L’échec après deux ans« Le processus d’entrée dans le système européen de Bologne nous oblige à aller de l’avant. L’environnement académique change. Il s’agit de permettre à la théologie protestante romande de conserver son statut d’excellence à coût constant et pour cela, un rapprochement est inévitable. Nous envisageons un démarrage de cette collaboration en 2004 au plus tard » explique Michel Rousson. Malgré ce constat largement partagé et deux ans de débats, les négociations n’ont toujours pas abouti. Il y a dix jours, à la Tour-de-Peilz, une réunion des différents acteurs du dossier a permis de constater le blocage des négociations. Et c’est donc désormais sous la pression que reprendront les discussions.

Au printemps, les choses semblaient pourtant bien engagées. « Nous avons finalisé un projet qui devrait satisfaire tout le monde », expliquait alors le doyen genevois Michel Grandjean. Ce plan d’action prévoit un partage des trois premières années d’étude (correspondant au Bachelor selon les normes de Bologne) entre Genève et Lausanne. Pour les deux années suivantes, soit le futur Master qui marquera le terme normal du cursus, les enseignements se répartiront entre les trois sites : l’herméneutique et la théologie pratique à Neuchâtel, l’histoire et l’éthique à Genève, les sciences bibliques et les sciences des religions à Lausanne. La faculté neuchâteloise n’en serait dès lors plus vraiment une, se transformant en centre romand de théologie pratique où se dérouleraient une partie des stages de pastorat désormais inclus dans les études. Approchées, les Eglises cantonales se disent prêtes à collaborer et appellent de leurs vœux cette restructuration. D’autant que d’après les statistiques, si le nombre d’étudiants romands demeure stable au fil des ans, celui des post-grades augmente et le projet permettrait justement de libérer des moyens pour étoffer l’offre en ce domaine.

§La théologie pratique au coeur du problèmeMais alors, où est le problème ? Difficile de s’y retrouver dans le discours contradictoire des trois doyens. « Je crois que nous n’avons pas la même vision de cette fédération, souligne à Dorigny Thomas Römer. Avec Genève, nous privilégions cette formule du deux plus un, alors que Neuchâtel semble désirer le maintien de trois facultés égales ». Faux, rétorque Martin Rose. Neuchâtel accepterait de renoncer aux premières années de formation. « Pour autant naturellement que nos deux partenaires se résignent pour leur part à abandonner une notion d’autosuffisance ». Le doyen de la théologie neuchâteloise semble mettre le doigt sur le nœud gordien. Car si Lausanne se dépouillait de son Institut romand de pastorale (IRP), l’Alma Mater du bout du lac aimerait pour sa part conserver un peu de théologie pratique dans ses murs. « Mais nous serions loin de l’autosuffisance avec un demi-poste au lieu des deux actuels. Il s’agit pour nous de ne pas couper totalement ce lien essentiel avec notre Eglise », précise Michel Grandjean.

Il reste donc désormais moins de trois mois aux facultés pour surmonter ce point d’achoppement. « Une chance que nous avons tout intérêt à ne pas laisser passer », signale Thomas Römer. Surtout Neuchâtel, fragilisée à la veille de la rentrée académique par la vacance de trois postes d’enseignants sur six.