En 2004, Genève aura son Musée de la Réforme

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En 2004, Genève aura son Musée de la Réforme

18 octobre 2002
Président de la Fondation qui met en place la future collection, le théologien Olivier Fatio brosse les grandes lignes de ce projet nourri depuis de nombreuses années
Il sera un lieu de conviction pour raconter l’histoire d’un protestantisme toujours vivant.

Olivier Fatio ne cache pas sa satisfaction. Apres des années de stagnation puis de lutte juridique, le Musée de la Réforme est sur les rails à Genève. « Nous ouvrirons en novembre 2004, à l'occasion du dimanche de la Réformation », précise le théologien et président de la Fondation de la future collection.

L'endroit choisi ne pouvait être plus symbolique, puisqu'il s'agit de la Maison Mallet, bâtie en 1723 à quelques mètres de la cathédrale Saint-Pierre, coeur de la foi protestante. Sur 320 m2, le visiteur pourra découvrir toutes sortes de documents retraçant les origines, l’expansion et l'évolution du mouvement qui allait bouleverser la chrétienté au 16e siècle. Autant d’éléments sur l'histoire de la Ville et de la Reforme qui sont restés désespérément éparpillés au fond de bibliothèques et autres archives, quand ce n'est pas tout simplement chez des particuliers. Olivier Fatio: « L'ensemble de l'Eglise protestante genevoise s'enthousiasme pour ce projet parce qu'il s'agit de mettre enfin en valeur un patrimoine disséminé depuis des siècles ».

Le Musée se divisera en plusieurs sections selon un ordre chronologique, du salut par la foi affirmé en 1517 par Luther à Wittenberg jusqu’à la présence actuelle d'une Réforme éparpillée à travers le monde. « Nous ne cultivons ni l’envie ni la prétention d’évangéliser. A l’autre extrême, il faut éviter de parler de notre foi comme de quelque chose de mort, qui appartient au passé. Voilà notre pari : restituer avec conviction les racines d’une idée encore vivante ». Un défi passionnant, pour Olivier Fatio et ses collègues de la Fondation qui veille à l’avenir des lieux. L’un de leurs soucis actuels concerne par exemple l’iconographie. L’impulsion de la Réforme fut l’affaire de jeunes théologiens, qui ne furent malheureusement portraiturés qu’une fois célèbres et dans la force de l’âge. « D’où notre dilemme : comment évoquer le dynamisme de l’époque tout en ne pouvant montrer que des portraits de vieillards ? », se demande Olivier Fatio.

§Budget pratiquement boucléLe budget du projet s’élève à près de 2,5 millions de francs suisses. Pour ne pas grever les finances déjà mises à mal de l’Eglise cantonale, une vaste recherche de fonds a été entreprise auprès des sponsors privés comme des oeuvres culturelles. De plus, pour éviter toute mauvaise surprise, l’enveloppe de départ comprend le fonctionnement des premières années. « En aucun cas nous ne voulions enlever de la substance financière à notre institution. Par bonheur, nous ne sommes pas loin d’avoir réuni la somme », se félicite le président de la Fondation.

Reste à se demander quel type de public accueilleront les bénévoles chargés de faire découvrir les lieux. Chaque année, environ 450'000 personnes visitent la cathédrale Saint-Pierre et dix pour cent d’entre elles assistent à un service religieux. Pour certains, comme pour les réformés coréens, cela tient un peu du pèlerinage. Pourtant, jusqu’à maintenant, bien peu d’efforts ont été consacrés à la mise en valeur du patrimoine protestant. Un cruel manque que le futur Musée devrait combler de la plus belle des manières.