12 décembre: une pétition pour préserver le plurilinguisme

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12 décembre: une pétition pour préserver le plurilinguisme

2 décembre 2002
Une pétition lancée par la Fédération suisse des femmes protestantes sera remise au Palais fédéral le 12 décembre prochain
Elle vise la loi sur les langues, encore en chantier. Les organisations féminines qui ont récolté des signatures affirment que les efforts de traductions, sur le plan national, dépassent de loin les ressources financières des associations. C'est l'avenir du plurilinguisme qui est en jeu.La Constitution fédérale garantit le plurilinguisme en Suisse, reconnaissant notamment l’existence de minorités linguistiques. Mais est-ce suffisant ? Un projet de loi fédérale sur les langues (LLC)* est en cours d’élaboration. Il met l’accent sur la promotion de la compréhension entre les communautés linguistiques et prévoit des aides financières à plusieurs niveaux (canton, commune, institution d’importance nationale). Du côté des organisations, une pétition circule depuis quelques mois. Lancée ce printemps par la Fédération suisse des femmes protestantes (FSFP), la pétition appelle la Confédération à soutenir financièrement les coûts de traduction. Munie de quelque trois milles signatures, elle sera remise le jeudi 12 décembre à la chancellerie du Palais fédéral à Berne. Cette pétition est soutenue par plusieurs associations faîtières : alliance F, l’Association suisse pour les droits de la femme (adf), l’Union suisse des organisations de femmes juives (usfj), la Ligue suisse des femmes catholiques (skf), la Communauté de travail femmes 2001 (argef) notamment.

§Coûteux effortsPrésidente d’Alliance F, Sibylle Burger-Bono reconnaît que les coûts de traductions sont immenses pour une organisation faîtière. « Nous maintenons un site Internet en trois langues, notre rapport annuel est édité en français et en allemand, sans compter les frais des traductions simultanées lors des conférences ». On ne dit pas autre chose à la Fédération suisse des femmes protestantes qui a toujours publié ses documents en français et en allemand. « Qui dit traduire, dit payer » affirme Ria Van Beek, coprésidente de la Fédération. Et là réside tout le problème. « Combien de temps pourrons-nous continuer à faire l’effort d’être bilingue, surtout lorsque la présence des Romandes tend à s’éroder ? » s’interroge Ria Van Beek. Ce choix demeure particulièrement coûteux pour la vie associative. La Fédération suisse des femmes protestantes consacre ainsi chaque année cinquante mille francs de son budget aux frais causés par les traductions simultanées, l’impression des documents de travail et l’édition bilingue de son bulletin d’information. Interrogée sur la raison de son soutien à la pétition, Ingelise Wormser, la Présidente de l’Union suisse des organisations de femmes juives, qui compte quelque 3000 membres, explique qu’elle tient beaucoup à rallier la Romandie, où plusieurs sections existent. « Nous organisons notre prochaine assemblée générale à Lausanne en juin 2003, explique-t-elle, et déjà nous discutons en comité des problèmes liés à la traduction, car les services de professionnels seraient très coûteux pour nous ».

À regarder attentivement l’avant-projet de loi, on trouve la mention d’une aide financière accordée aux organisations actives au niveau national. Comme beaucoup d’autres associations, Alliance F craint que ce soutien financier ne soit purement et simplement balayé au moment où la loi sera finalisée. « Certains milieux politiques donneront-ils encore la priorité au travail multilingue des associations ? ». En période de crispation financière, la pétition fait part du souci d’une majorité d’associations féminines.

§*Avant-projet pour la consultation de la loi fédérale sur les langues nationales, voir sous www.kultur-schweiz.admin.ch/kultges/files/ent_spg_f.pdf