Berne : théologien catholique récompensé par les protestants

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Berne : théologien catholique récompensé par les protestants

4 décembre 2002
Claude Lagarde a reçu samedi à l’Université de Berne le titre de docteur honoris causa de la part de la faculté théologique réformée
Une distinction qui salue l’important travail de ce spécialiste de la catéchèse, oeuvre pourtant ignorée par le magistère de ce catholique français. Un théologien catholique français honoré par la faculté réformée de Berne. L’événement paraît suffisamment insolite pour que l’on s’y arrête. Samedi, Claude Lagarde, 65 ans, s’est en effet vu décerner le titre de docteur honoris causa par l’Université de la ville fédérale. Pourtant, l’événement n’est étonnant qu’en apparence. Depuis de nombreuses années, cet ancien ingénieur militaire, devenu un spécialiste de la catéchèse et conteur réputé, se trouve en effet malmené par les évêques de l’Hexagone.

« Disons que pour moi, la bible constitue le lieu essentiel de la révélation. Et que sa place n’est pas ce qu’elle devrait être au sein du monde romain », précise Claude Lagarde. Après une maîtrise obtenue à l’Institut catholique de Paris, il va dans une banlieue enseigner les fondements de la religion chrétienne parmi les immigrés. Il commence à cette époque l’élaboration de son concept de catéchèse symbolique « qui ne rentrait pas dans les normes définies par l’appareil catholique français », reconnaît-il. De nombreux ouvrages plus tard, ses relations avec la hiérarchie romaine se sont d’ailleurs encore détériorées et c’est à compte d’auteur qu’il a dû publier « Catéchèse et prière » en 2001.

§Ne pas répéter des formules toutes faitesC’est donc hors du catholicisme français que les thèses de Claude Lagarde feront école, au Canada notamment mais aussi de ce côté de la frontière, auprès de l’Union synodale réformée Berne-Jura. Les nouveaux livres du cycle cantonal s’inspirent en effet directement de ses travaux. « Je mets le questionnement comme préambule de la foi. Selon moi, le catéchisme doit développer chez l’enfant la capacité d’interprétation du sujet, et non se complaire dans le dogmatisme. Il faut s’éloigner des discours préfabriqués, pour offrir une Parole libre qui se construise dans la relation aux autres ». Pour Claude Lagarde, cette volonté constitue déjà une ecclésiologie, la seule capable de ramener les gens à l’intérieur des Eglises : « Pour cela, il faut affronter le message biblique et ne pas répéter des formules toutes faites ». Une résistance au fondamentalisme du texte qui a donc trouvé un écho auprès des protestants jurassiens, « intéressés par la critique et ouverts à la notion de reconstruction intérieure ».