Les animaux dans la Bible
5 décembre 2002
Quel regard l' Ancien puis le Nouveau Testament posent-ils sur les animaux? La Bible en fait peu cas, et le bœuf et l’âne n’ont été introduits dans le récit de Noël que par le pseudo Evangile de Matthieu, postérieur au Nouveau Testament
Les Ecritures se sont-elles contentées de donner à l’homme la suprématie sur le règne animal ? Réponses de Denis Müller, professeur à la Faculté de théologie de Lausanne et auteur de plusieurs ouvrages concernant la dignité de l’animal.*
§Si la souffrance animale est prise en compte dans la pensée hindoue et le bouddhisme, il semble qu’il n’existe rien de tel dans les traditions occidentales.Il est clair que le regard de la Bible n'est pas d'abord tourné vers nos questions modernes marquées par l'exploitation souvent éhontée des animaux. Cependant, si l'approche biblique est centrée sur l'être humain, pour des raisons qui tiennent à la fois à une vision du monde et à une perspective religieuse (le salut concerne d'abord les hommes), elle n'en comporte pas moins une reconnaissance indirecte des animaux comme partenaires ou compagnons de destin au sein du monde créé.
Nous avons certainement à réviser les préjugés et les pratiques qui, pendant des siècles, ont marqué l'hostilité et l'irrespect envers les créatures animales. Les Eglises ont ici un rôle à jouer, en offrant des pistes de réflexion et en prenant des initiatives en faveur des animaux. Mais cela ne signifie pas qu'il faille en arriver à des exagérations comme certaines paroisses alémaniques qui consacrent des cultes entiers aux animaux de compagnie et à leurs propriétaires ! On pourrait être plus imaginatif ! Par exemple en mettant le doigt sur les excès de la consommation de viande].
§a-t-il eu quelque considération pour les animaux, qui ont la même capacité que les humains à souffrir, comme l'a rappelé Peter Singer, enseignant en bioéthique à l‘université de Princeton et auteur d’un manifeste sur « L’égalité animale expliquée aux humains » ?§
Nous devons éviter de projeter nos questions dans des textes dont la perspective est totalement différente. La tâche théologique qui nous attend, c'est de réinterpréter la Bible et les traditions chrétiennes de manière à éviter une vision sacrificielle ou utilitariste de l'animal.
La création animale jouit-elle de droits dans la Bible?
La notion du droit des animaux est très controversée dans les débats éthiques contemporains, y compris par des auteurs qui ne se réclament pas du tout de la foi chrétienne. L'enjeu théologique me paraît plutôt de déployer un nouvelle forme de respect et de tendresse envers les animaux, ces compagnons qui jalonnent et enrichissent notre existence. La tradition chrétienne offre des ressources en faveur d'une telle attitude (l'âne et le boeuf de la crèche ne sont pas là complètement par hasard), tout n'y est pas aussi négatif que le disent certains adversaires du christianisme.
§*Denis Müller-Hugues Poltier éd. La dignité de l'animal, Genève, Labor et Fides, 2000; Andrea Arz de Falco-Denis Müller, Les animaux inférieurs et les plantes ont-ils droit à notre respect ? Genève, Médecine et Hygiène, 2002.
§Si la souffrance animale est prise en compte dans la pensée hindoue et le bouddhisme, il semble qu’il n’existe rien de tel dans les traditions occidentales.Il est clair que le regard de la Bible n'est pas d'abord tourné vers nos questions modernes marquées par l'exploitation souvent éhontée des animaux. Cependant, si l'approche biblique est centrée sur l'être humain, pour des raisons qui tiennent à la fois à une vision du monde et à une perspective religieuse (le salut concerne d'abord les hommes), elle n'en comporte pas moins une reconnaissance indirecte des animaux comme partenaires ou compagnons de destin au sein du monde créé.
Nous avons certainement à réviser les préjugés et les pratiques qui, pendant des siècles, ont marqué l'hostilité et l'irrespect envers les créatures animales. Les Eglises ont ici un rôle à jouer, en offrant des pistes de réflexion et en prenant des initiatives en faveur des animaux. Mais cela ne signifie pas qu'il faille en arriver à des exagérations comme certaines paroisses alémaniques qui consacrent des cultes entiers aux animaux de compagnie et à leurs propriétaires ! On pourrait être plus imaginatif ! Par exemple en mettant le doigt sur les excès de la consommation de viande].
§a-t-il eu quelque considération pour les animaux, qui ont la même capacité que les humains à souffrir, comme l'a rappelé Peter Singer, enseignant en bioéthique à l‘université de Princeton et auteur d’un manifeste sur « L’égalité animale expliquée aux humains » ?§
Nous devons éviter de projeter nos questions dans des textes dont la perspective est totalement différente. La tâche théologique qui nous attend, c'est de réinterpréter la Bible et les traditions chrétiennes de manière à éviter une vision sacrificielle ou utilitariste de l'animal.
La création animale jouit-elle de droits dans la Bible?
La notion du droit des animaux est très controversée dans les débats éthiques contemporains, y compris par des auteurs qui ne se réclament pas du tout de la foi chrétienne. L'enjeu théologique me paraît plutôt de déployer un nouvelle forme de respect et de tendresse envers les animaux, ces compagnons qui jalonnent et enrichissent notre existence. La tradition chrétienne offre des ressources en faveur d'une telle attitude (l'âne et le boeuf de la crèche ne sont pas là complètement par hasard), tout n'y est pas aussi négatif que le disent certains adversaires du christianisme.
§*Denis Müller-Hugues Poltier éd. La dignité de l'animal, Genève, Labor et Fides, 2000; Andrea Arz de Falco-Denis Müller, Les animaux inférieurs et les plantes ont-ils droit à notre respect ? Genève, Médecine et Hygiène, 2002.
