Lausanne: la convivialité et l'oecuménisme selon "Jonathan"

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Lausanne: la convivialité et l'oecuménisme selon "Jonathan"

10 janvier 2003
Le quartier d’Isabelle de Montolieu, sur les hauts de la capitale vaudoise, abrite depuis dix ans un espace de rencontres pas tout à fait comme les autres, puisqu'il se veut aussi aussi lieu de spiritualité
C'est surtout un bel exemple de solidarité et d'entente entre chrétiens de toute confession, loin des structures officielles. C’est une idée toute simple, pourtant sans véritable équivalent en ville de Lausanne. Depuis une décennie, dans la galerie marchande d’Isabelle de Montolieu, le « Jonathan » offre rencontre, partage et écoute aux gens du quartier. Animé par des bénévoles, l’endroit est clairement identifié comme chrétien pour qui se donne la peine d’observer le logo barrant la vitrine (une croix au milieu d’une fleur) ou pour celui qui déchiffre la signification du nom (« Dieu a donné »). Dès l’origine, les lieux ont été conçus comme le fruit d’une vision oecuménique, avec une ouverture à tout habitant du quartier, croyant ou non.

« Tout a commencé par l’initiative d’un pasteur évangélique, Guy Gentizon, à l’époque en fonction à l’Eglise de Villars. A peine arrivé, a-t-il décidé de sonner aux portes pour demander aux gens s’ils avaient envie de créer quelque chose ensemble », raconte Claire Mo Costabella, dont la famille occupe depuis 20 ans l’ancienne ferme du quartier achetée par ses parents. « A l’époque, Isabelle de Montolieu était considéré comme une cité dortoir. Il faut dire que le quartier en donne un peu le sentiment, dépourvu de place centrale, avec ses immeubles alignés les uns derrière les autres ».

§Un café chaque mardiDe cette démarche pastorale naît un groupe d’une trentaine de personnes, composé aussi bien de protestants que de catholiques ou d’évangéliques. « Nous nous réunissions pour prier, partager un repas, approfondir nos liens », raconte Claire Mo Costabella qui participe à l’aventure depuis ses débuts. Au bout de deux ans, la petite communauté informelle découvre le local déserté par un fleuriste. Elle le loue et commence alors à s’ouvrir à l’ensemble du quartier à travers de nombreuses activités dont certaines existent encore aujourd’hui. « C’est notamment le cas de nos cafés-rencontres qui ont lieu tous les mardis matins; mais aussi des soupers spaghettis chaque dernier vendredi du mois ». La générosité de nombreux membres de l'association permet non seulement de payer le loyer, mais aussi d’offrir de petites collations lors de diverses manifestations puisque les bénévoles qui animent l’endroit fourmillent d’idées, tout en restant à l’écoute des besoins du quartier. On vient ici pour vaincre sa solitude, pour connaître celles et ceux qui sont parfois ses voisins, et parfois pour prier ensemble.

Les cafés du mardi, la vraie vitrine de « Jonathan », donnent souvent l’occasion aux gens de franchir le seuil pour la première fois. Une fois par mois, un orateur est invité, connu ou non, pour parler de son métier ou de sa passion. Rosette Poletti, Bernard Pichon ou Jan de Haas font partie des anciens intervenants. Et mardi dernier, la venue du pasteur Maurice Ray a fait salle comble.

Moment charnière

« Dix ans à trois dénominations et pas une seule dispute : pour moi, c’est la prière qui tient l’endroit », sourit Claire Mo Costabella. A ses yeux, « Jonathan » crée des canaux d’amitié. Peut-être les personnes venues se sentent-elles touchées par quelque chose de l’ordre de la foi, c’est du moins ce qu’elle espère. Une bonne partie de l’équipe originelle va quitter le comité, l’occasion pour le comité de se renouveler, de faire le plein d’idées et d’énergies nouvelles ».

Pasteure depuis longtemps à Isabelle de Montolieu et présente elle aussi depuis le début, Claire Lise Corbaz souligne de son côté que le nom même de « Jonathan » était une manière de signifier que « cette expérience assez novatrice ne dépendait pas de nous ; qu’elle se poursuivait en quelque sorte à travers nous ». Le don se perpétue.