Les chrétiens vaudois se donnent la main

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Les chrétiens vaudois se donnent la main

15 janvier 2003
Le canton est le premier à voir naître un Conseil des Eglises chrétiennes
Cette décision constitue le fruit d’un long processus, marqué notamment par les trois célébrations oecuméniques à la Cathédrale. Explications. Ce qui sépare compte beaucoup moins que ce qui unit. Tel est en tout cas l’espoir qui préside à la création du Conseil des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud. « Les trois célébrations oecuméniques qui se sont déroulées à la Cathédrale de Lausanne ne constituaient pas un début, mais l’aboutissement d’un long cheminement commun, mélange d’écoute et de compréhension, de beaucoup de prières aussi », rappelle Pierre Marguerat, responsable de l’information au sein de l’Eglise réformée cantonale.

Voilà l’enjeu : continuer sur cette lancée, faire en sorte que ce mouvement se poursuive en marquant l’engagement des Eglises chrétiennes vers une plus grande reconnaissance mutuelle. Un pari qui se fera peut-être sans Shafique Keshavjee, l’un des artisans des célébrations de 2000, 2001 et 2002, mais surtout l’un des piliers du dialogue inter-religieux en terre vaudoise. « Dès le mois d’avril, je consacrerai en effet davantage de temps à l’éthique et aux débats de société», précise le responsable de la maison de l’Arzillier.

§Une question de personnesLes membres du Conseil seront désignés lors de la première assemblée générale, le 3 février prochain. Shafique Keshavjee : « Ce sont d’abord les relations entre personnes qui font avancer l’œcuménisme. Là, à partir de liens tissés dans notre petit groupe, les communautés décident de s’impliquer en leurs noms ». Quatorze Eglises ou fédérations se prononcent donc en faveur du développement d’actions communes, qu’elles prennent la forme de présence et de service à la population ou encore de prières et témoignages. Catholiques, réformés et évangéliques côtoient ainsi les quatre patriarcats orthodoxes, les anglicans, les adventistes, les méthodistes et l’Armée du Salut. Beaucoup de monde, avec des conceptions théologiques, des liturgies et parfois des visions du monde fort différentes.

On se demande dès lors quel visage offrira cette sorte de cohabitation. D’autant plus qu’un exemple récent de pareille ouverture, certes au niveau romand, laisse sceptique. En 2000, en effet, la Fédération romande des Eglises et oeuvres évangéliques (FREOE) signait avec la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) une déclaration commune. Deux ans plus tard, force est de constater que les choses peinent à changer. Dans plusieurs régions du canton, les deux communautés continuent à se regarder en chien de faïence ou à s’ignorer. Pierre Marguerat : « Nous mettons nos richesses en commun, chaque Eglise conservant son histoire et ses spécificités. Mais cette démarche constitue avant tout une espérance ».

§D’autres choses à vivreEspoir caressé aussi du côté de la FREOE et de son président, Jean-Claude Chabloz : « Il existera désormais dans le canton un lieu de concertation où nous pourrons réfléchir ensemble. Cela permettra de dire les choses et de trouver comment surmonter les difficultés ». De son côté, Shafique Keshavjee admet que remonter au niveau des autorités comprend toujours une part de risque. « La structure sera posée officiellement. La qualité de l’articulation, elle, dépendra toujours de la ceux qui s’impliquent ».

Autre péril assumé par les artisans de ce pas important, celui d’avoir commencé par le plus spectaculaire et le plus « démonstratif » avec les célébrations oecuméniques. Selon Pierre Marguerat et Shafique Keshavjee, « nous nous donnons un nouvel espace pour grandir dans la communion fraternelle. Les célébrations constituent un moment central, il y aura cependant d’autres actes symboliques à vivre. » Si l’on se réfère aux statuts du nouvel organisme, une prise de parole commune, notamment lors de votations sur des sujets sociaux ou éthiques, n’est pas exclue.

§UTILE

La création du Conseil sera l’occasion d’une célébration oecuménique qui se déroulera dans l’Eglise Saint-François de Lausanne, ce vendredi 17 janvier à 19 heures.§