Le constat est dressé par un bibliste, le professeur Jean Zumstein. L’Année de la Bible 2003 qui démarrait à Berne vendredi par une conférence de presse (lire notre article no 386), est l’occasion pour chacun de se réapproprier le savoir biblique, qui a fortement imprégné notre culture, en se gardant toutefois de toute interprétation sectaire et de l’ancrer dans la sphère quotidienne.

Devant la montée de l’analphabétisme biblique, Jean Zumstein, qui enseigne aux Universités de Neuchâtel et Zurich, encourage la fidélité et l’honnêteté de la lecture pour laisser parler le texte, sans vouloir à tout prix l’utiliser à son propre profit. « La Bible, tient-il à préciser, ne doit jamais devenir un livre dont on tire des versets ou des épisodes pour justifier des positions personnelles, voire pour diaboliser le mode de vie et les opinions de ses contemporains. Le théologien précise

L’Ecriture ne doit en aucun cas servir à confirmer ses choix religieux, sociaux ou politiques. « Quiconque se réclame de la parole de Dieu pour justifier l’exclusion d’un autre être humain ou d’un groupe ou d’une culture différente de la sienne, insulte la Bible ». L’endoctrinement n’est en aucun cas une façon de faire front à l’analphabétisme en matière de christianisme. Jean Zumstein rappelle que la Bible peut être lue de différentes manières, de l’approche purement scientifique et documentée à l’approche spirituelle et très personnelle. Chacun est appelé à la lire dans le contexte qui est le sien et en fonction de son expérience de vie.

La Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse soutenue par différentes œuvres chrétiennes a choisi de placer cette Année de la Bible 2003 (notre article no 386)sous le slogan « Chercher. Et trouver », histoire d’encourager à la (re)découverte du Livre à travers diverses démarches originales.

L’une d’elles invite les gens à recopier une ou plusieurs pages de la Bible, répartie en 267 passages, soit 2750 pages manuscrites qui seront reliées en 66 volumes. Cette édition manuscrite, agrémentée d’illustrations, sera offerte au Conseil Fédéral pour rappeler que notre culture en Suisse a été largement imprégnée par la Bible, que la démocratie y a pris sa source et qu’on peut y trouver aujourd’hui encore des réponses pertinentes aux problèmes actuels.

Sentiers bibliques

Un autre projet concerne plus particulièrement les Romands qui sont invités à parcourir les chemins bibliques du district de Saint-Maurice en Valais, soit 68 kilomètres de sentiers pédestres balisés et jalonnés de panneaux didactiques sur des thèmes bibliques et archéologiques, répartis en 4 étapes. Le parcours complet peut se faire en une semaine, mais on peut également choisir des randonnées d’une journée ou de quelques heures. Un autre sentier d’aventure biblique de 4 kilomètres à travers des réserves naturelles et des paysages superbes, de Gerlafingen dans le canton de Soleure jusqu’à Utzendorf (BE) permet lui, de remonter à pied le temps jusqu’au temps d’Abraham. Un projet œcuménique destiné aux classes et aux groupes d’enfants de Suisse alémanique permettra aux jeunes d’expérimenter les concepts de solidarité et de justice, d’apprivoiser la diversité humaine, de plancher sur la dispute et la violence mais aussi sur la notion de bonheur.

§www.annee-de-la-bible.ch ,Société biblique suisse, Bible manuscrite, Past. Urs Joerg, Rue des Armes 20, 2501 Bienne, tél. 032/327 20 25.