Religions en Suisse: place à la diversité

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Religions en Suisse: place à la diversité

30 janvier 2003
Le paysage religieux de la Suisse change. Les chiffres révélés hier par l’Office fédéral de la statistique (OFS) le confirment : les deux Eglises nationales perdent du terrain, alors que de nouvelles communautés s’installent durablement, musulmans et orthodoxes en tête
Analyse.

La Suisse est l’un des rares pays européens à pouvoir dresser une cartographie de son paysage religieux. Autant dire que l’analyse du dernier recensement fédéral n’est pas sans intérêt. Ne serait-ce que pour les Eglises elles-mêmes, qui disposent souvent de ces seuls chiffres comme seule source d’information sur l’évolution de leurs communautés.

Premier constat en forme de confirmation : la société helvétique se sécularise. En l’an 2000, 11,1% de citoyens ont coché la case « sans appartenance religieuse ». Ils étaient 300'000 de moins dix ans plus tôt et ne représentaient qu’un peu plus de 1% de la population en 1970. De manière significative, leur proportion est la plus élevée parmi les 30 - 50 ans, au fait de la vie professionnelle et sociale. Et ils sont deux fois plus nombreux en ville qu’en campagne, et habitent davantage en Suisse romande que de l’autre côté de la Sarine. Bâle-ville mis à part (31%), la palme de l’indifférence ecclésiale est détenue par Genève (23%), suivie de Neuchâtel (22%).

§Fidèles moins nombreux et plus âgésAutre enseignement : le religieux appartient de plus en plus à la sphère privée et n’échappe pas au double mouvement de rejet de l’institution et de l’échantillonnage du spirituel. 41,8% de la population a ainsi déclaré appartenir à l’Eglise catholique romaine (contre 46,2% en 1990) et 33% à l’Eglise réformée (38,5% en 1990). Les deux Eglises nationales ont donc perdu quelque 363'000 fidèles en 10 ans, les évangéliques (2,2%) demeurant pour leur part stables. A l’inverse, depuis 1990, le nombre de musulmans et d’orthodoxes a doublé dans notre pays, même si à l’instar des chrétiens, il s’agit parfois d’une appartenance culturelle plutôt que d’une pratique religieuse.

Plus préoccupant encore pour les protestants, 26,2% de leurs membres se trouvent au-delà de la soixantaine. Grâce à une immigration en provenance d’Europe du sud, ce chiffre n’est que de 20,2% chez les catholiques. Les évangéliques font encore mieux, puisque seuls 18,2% de leurs ouailles dépassent 60 ans, ces communautés ayant par ailleurs intégré nettement plus de personnes de nationalités étrangères. A noter qu’en terre vaudoise, si les protestants demeurent majoritaires d’une courte tête, la ville de Lausanne abrite désormais davantage de catholiques.