La place des femmes dans le Coran :La réflexion d’un théologien protestant

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La place des femmes dans le Coran :La réflexion d’un théologien protestant

21 février 2003
Théologien, ancien rédacteur de l’hebdomadaire romand La Vie Protestante, Hervé Klopfenstein vient de publier la somme de ses informations et réflexions sur l’Islam et, plus particulièrement, sur la place des femmes dans le Coran et dans la tradition
La thèse qui sous-tend l’ouvrage est classique, dans la veine de la théologie occidentale de ces deux derniers siècles: un texte, fût-il considéré comme sacré, doit être compris dans son contexte social, géographique et temporel et toute décision de l’absolutiser fige l’histoire, au détriment, en particulier, de la condition féminine.

Sans se soucier d’être religieusement correct, l’auteur affirme sans ambages: « Dans le rôle qu’il réserve à la femme, le Coran n’est pas original. Il est de son temps et de son lieu, voilà tout. Il apporte sans doute quelques améliorations quant aux usages en vigueur dans la société de la Péninsule arabique du VIIe siècle. »

En un temps où le dialogue interreligieux tend à prendre le langage de la diplomatie, Klopfenstein appelle un chat un chat dans son approche critique de l’Islam, même si l’on pourrait parfois souhaiter qu’il entre plus subtilement dans les problématiques intrinsèques de la culture musulmane.

A défaut d’une ligne de pensée clairement conduite, le mérite principal de l’essai réside dans la mise à disposition d’un très riche matériau de citations. Le livre est un véritable souk où l’on passe du Coran, cité à travers moult traductions différentes, à Albert Jacquard, en passant par des encyclopédies et la Bhagavad Gîtâ: une moyenne de deux citations par page! Même si la logique de rangement des jos_content et de l’argumentation ne sautent pas aux yeux du lecteur pressé, celui qui voudra construire son opinion sur la question, trouvera des documents de première main ainsi que des incitations et des remarques qui donnent à penser: par exemple, la mise en évidence du fait que le Coran a pour destinataires des hommes et non des femmes.

Par le chemin des écoliers, l’auteur amène ses lecteurs à la thèse centrale: « Le statut de la femme dans le Coran est inséparable du statut que l’on donne à ce texte. » Il a fallu un quart de millénaire aux chrétiens pour faire avancer la même question à propos de la Bible. Mais comment peut-elle avancer pour le Coran, à une époque où, sur le plan mondial, le débat interne à l’Islam est entravé par le choc des civilisations et, sur le plan local, par la tension entre affirmation identitaire et nécessité d’intégration ?

§Freddy Klopfenstein Le Coran, la femme, regards pluriels, Editions à la Carte, Sierre, 2003, 180 p.