Les 25-45 ans, un public cible qui échappe aux Eglises réformées des cantons romands

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Les 25-45 ans, un public cible qui échappe aux Eglises réformées des cantons romands

14 mars 2003
Ou vieux ou très jeunes: tels sont les profils que l’on croise en majorité dans les rangs des Eglises évangéliques réformées, par ailleurs les plus durement touchées par l’évolution des statistiques ces dix dernières années
Dès lors, comment parvenir à combler le trou creusé par les générations absentes, les 25-45 ans que l’on ne croise plus dans les temples réformés ? Enquête en Suisse romande.D’abord il y a le constat : « On paie cher l’échec de 25 ans de pastorale, avoue ce jeune pasteur genevois, c’est tout une génération qui manque ! Effectivement : où sont passés les 25-45 ans, ces grands absents des Eglises réformées ? À Fribourg, Pierre-Alain Chervet, engagé depuis dix ans dans les activités de jeunesse de l’Eglise réformée, va dans le même sens : « Les jeunes, nous les voyons entre 15 et 25 ans maximum, mais à partir de là, il y a un trou… ». À Neuchâtel, on s’interroge aussi : « Le lien entre le catéchisme et l’Eglise ne se fait pas, observe Werner Habegger, aumônier cantonal de jeunesse, qui supervise la formation d’une centaine de moniteurs sur l’ensemble du canton. il considère que la situation est grave. « Comment intéresser les plus de 19 ans, se demande-t-il, quand ils ont finis d’être motivés par ce genre d’animation et comment assurer une transmission ? ». Le manque d’attache confessionnelle qui affecte les 25-45 ans serait dû notamment au fait que les Eglises réformées ont laissé s’étioler la pastorale des jeunes adultes durant les deux dernières décennies. « Aujourd’hui, tout s’arrête à 19-20 ans » précise Daniel Alexander, responsable du secteur jeunesse pour les protestants vaudois. Qu’est-ce qui est proposé ensuite ? Pas grand-chose, car à part la formation d’adultes, on peine à trouver des offres adaptées aux jeunes adultes, pris par des préoccupations professionnelles ou familiales. De son côté, Philippe Genton, pasteur à Monthey et auteur d’un nouvelle formule de catéchisme, pointe le doigt sur un phénomène de société : « C’est le besoin communautaire qui s’étiole aujourd’hui et j’ai le sentiment que l’Eglise n’arrive pas à faire le deuil de sa toute puissance censée attirer les foules ». Dans son ministère auprès des protestants minoritaires du Chablais valaisan, Philippe Genton constate qu’il rencontre beaucoup de jeunes adultes, heureux de s’impliquer dans des projets (animations avec les enfants ou les ados), mais peu enclins à venir grossir le petit nombre des fidèles du culte.

§Stratégies de décloisonnement« On a beaucoup mis de forces dans l’accompagnement des 12-16 ans, analyse Daniel Alexander, et il est temps de proposer des projets qui puissent rejoindre les jeunes et les adultes là où ils sont, à toutes les étapes de la vie ». Quelques experts, dont Daniel Alexander, repensent complètement une catéchèse dite de cheminement : à 5 ans, aussi bien qu’à 20, 30 ou 50 ans. Un changement de mentalité qui prend des allures de révolution copernicienne dans une structure d’Eglise d’Etat. Des Assises organisées prochainement à Lausanne permettront de dégager les lignes DIRECTRICES (cf. encadré), « où l’on va s’efforcer de résonner en termes d’offres spécifiques pour des jeunes adultes ». À l’horizon 2005, on pourra compter, si tout va bien, sur une catéchèse décloisonnée, avec une vision intergénérationnelle.

À Neuchâtel aussi, un Centre cantonal de Théologie et Formation va réunir en colloques réguliers dès la fin de l’été toutes les personnes actives dans la formation et l’éducation au niveau de l’Eglise réformée. Objectif : retrouver une stratégie globale qui puisse faire une large place à la sensibilisation des familles. Des stratégies efficaces ? Réponse dans les futures statistiques 2000-2010 !