Les Eglises du monde entier dénoncent l'intervention contre l'Irak

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Les Eglises du monde entier dénoncent l'intervention contre l'Irak

21 mars 2003
Le déclenchement de l'intervention militaire contre l'Irak a provoqué une vague de critiques de la part des Eglises chrétiennes à travers le monde
Un grand nombre d'entre elles expriment leur profonde inquiétude et appellent les fidèles à ouvrir les églises pour la prière, à sonner le glas pour marquer le deuil, ou à allumer des bougies en signe de paix. "L'attaque militaire préventive contre l'Irak est immorale, illégale et malavisée", a déclaré le pasteur Konrad Raiser, secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises (COE), dont le siège est à Genève. "Le fait que la seule superpuissance, avec d'anciennes puissances coloniales d'Europe, ait choisi d'attaquer un pays à majorité musulmane est politiquement dangereux, culturellement imprudent, et ignore l'importance croissante de la religion et de la culture pour l'identification politique de nombreux peuples", a averti le pasteur Raiser, dont l'organisation compte des membres de la plupart des Eglises protestantes, anglicanes et orthodoxes dans le monde. "Nous craignons que cette guerre ne fasse que confirmer et aggraver les stéréotypes et, dans de nombreuses parties du monde, ne vienne renforcer l'image d'un Occident marqué par le colonialisme et les croisades."

Egalement à Genève, le secrétaire général de l'Alliance réformée mondiale (ARM), le pasteur Setri Nyomi, a fait une déclaration condamnant "sans réserve cette guerre d'agression, et la mentalité unilatérale et impériale qui la sous-tend".

La Fédération luthérienne mondiale (FLM), qui compte des Eglises membres dans 76 pays et représente 62 millions de luthériens, avait affirmé, dans une déclaration publiée avant l'intervention militaire: "Nous dénonçons l'unilatéralisme, les notions de guerre 'préventive' et 'une coalition des volontaires' hors du cadre des Nations Unies."

Aux Etats-Unis, à New York, les responsables du Conseil national des Eglises (NCC) ont déclaré qu'ils priaient "pour les femmes et les hommes des forces armées des deux parties, et qui courent de graves dangers dans une mission qui n'a pas été décidée par eux". En Grande-Bretagne, l'archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams a déclaré que l'action militaire contre l'Irak était un nouveau terrain dangereux dont on ne pouvait connaître ni prédire les conséquences avec certitude. Les Eglises de France et d'Allemagne - nations qui ont manifesté très fortement leur opposition à la guerre - ont aussi exprimé leur inquiétude. "C'est un terrible échec pour nous qui croyons qu'il y avait d'autres manières de régler le conflit irakien", a déclaré à Paris le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France (FPF).

En Allemagne, les responsables des grandes Eglises protestantes et catholique romaine ont souligné dans une déclaration commune qu'il n'y avait aucune justification éthique ou légale à la guerre et qu'une "catastrophe humanitaire" en Irak devait être évitée.