Genève: cycle de conférences sur les énigmes du destin La liberté et la responsabilité de l’individu en question

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Genève: cycle de conférences sur les énigmes du destin La liberté et la responsabilité de l’individu en question

3 octobre 2003
Aux temps incertains correspond souvent un retour de la notion de destin
Nombreux sont ceux qui consultent astrologues, voyantes et marabouts. Tout serait-il joué d’avance ? « S’en remettre à la fatalité, c’est abandonner notre liberté et notre responsabilité », s’insurge Philippe Chanson, aumônier à l’Université de Genève. Il a mis sur pied, en collaboration avec le Centre protestant d’études, un cycle de conférences sur «les énigmes du destin ». L’occasion d’aborder la question sous différents angles, littéraire, scientifique, éthique, philosophique et religieux. Début du cycle le 5 novembre prochain.A l’écoute des étudiants et des enseignants depuis six ans à l’aumônerie d’Uni Mail qui a pignon sur rue au cœur de Genève, Philippe Chanson a constaté qu’en temps d’incertitude, ses interlocuteurs évoquaient volontiers le destin et se demandaient de dans quelle mesure ils pouvaient agir sur le cours de leur vie et faire des plans pour leur avenir, en un mot, s’ils pouvaient encore choisir leur vie.

L’ expression populaire « C’est mon destin !», maintes fois entendue, révèle une tendance actuelle à s’en remettre à la fatalité, à se résigner à accepter son sort. Une attitude qui, aux yeux de l’aumônier, pousse à la déresponsabilisation et sous-tend une philosophie de l’innocence, pas si innocente que ça ! « Si je pense que tout est écrit d’avance et régi par une loi supérieure qui semble fixée par une instance suprême, la question se pose de savoir si je suis encore responsable de quoi que ce soit. Si je n’ai pas prise sur la vie, je suis donc innocent et en aucun cas responsable de ce qui m’arrive, ni du mal que je fais subir aux autres ».

Philippe Chanson et sa collègue Isabelle Graesslé, modératrice de la Compagnie des pasteurs, ont décidé de réagir à cet état d’esprit ambiant, cette rentrée en force du destin dans l’imaginaire, et propose en novembre prochain un cycle de quatre conférences avec des intervenants de qualité pour s’interroger sur l’antique notion de destin. Calvin en questionProfesseur de littérature française médiévale à l’Université de Genève, Jasmina Foehr-Janssens s’attachera à cerner ce que des mots comme chance, destin, prédiction, prédestination, nous disent, quel sens on leur donnait dans l’Antiquité, puis au Moyen Age. Elle s’attachera à analyser la tension entre fatalité et liberté humaine dans trois genres littéraires différents, la tragédie, la comédie et le conte de fées.

Le second intervenant est Michel Meslin, directeur et professeur de l’Institut de recherches pour l’étude des religions à l’Université de la Sorbonne à Paris. Il établira des parallèles entre les pratiques de divination souvent associées à la magie, pour connaître l’avenir et éventuellement le maîtriser, dans les sociétés traditionnelles et dans la nôtre aujourd’hui.

Jan Lacki, maître d’enseignement et de recherche en histoire et philosophie des sciences à l’Université de Genève, présentera les liens subtils entre les différentes avancées de la science et leur impact sur l’idée du destin. Les découvertes majeures du XXe siècle, le passage d’un principe mécaniste à la théorie quantique qui établit que tout bouge sans cesse et que rien n’est déterminé, ont bouleversé toute l’idée de destin et de création de l’univers.

Enfin Olivier Abel, professeur d’éthique et de philosophie à l’Institut protestant de théologie de Paris, remettra sérieusement en question l’une des grandes théories de Calvin sur la prédestination, qui affirme que nous sommes élus ou réprouvés par Dieu, sans que nous n’y puissions rien. Il a choisi de repenser la perception, intolérable, de la prédestination. Et si elle offrait au contraire la liberté, la confiance et l’abolition de toutes les dettes ? Une promesse à venir qui remet l’homme au centre de sa vie et qui l’ouvre à l’espoir.Enigmes du destin, cycle de 4 soirées de conférences, les mercredis 5, 12, 19 et 26 novembre 2003, 20h15, Université Bastions à Genève, salle 112.