Cours public à l’Université de Lausanne :Le mystère de la mort, entre réincarnation et résurrection

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Cours public à l’Université de Lausanne :Le mystère de la mort, entre réincarnation et résurrection

15 octobre 2003
"Mourir et après ?" Pour répondre à la question, de plus en plus d’Occidentaux flirtent avec l’idée de réincarnation empruntée à l’Orient
« Une utopie et surtout une résurgence du désir d’immortalité dont il s’agit de se débarrasser!», estime Daniel Marguerat, le nouveau doyen de la Faculté de théologie de Lausanne qui propose un cours pour faire le tour d’horizon des différentes représentations religieuses de la mort et de l’au-delà. Avec la participation du philosophe Michel Cornu, de l’historien des religions Youri Volokhine et du rabbin Armand Abécassis.« Pas question de spéculer sur ce qu’on ne connaît pas ni de guigner de l’autre côté du rideau !» précise d’emblée le nouveau doyen de la Faculté de théologie lausannoise qui a imaginé ce cours pour aborder différentes approches du phénomène de la mort et de l’après-mort. Pour lui, la question devrait être inversée : « Mourir et avant ? », car les interrogations sur la mort renvoient à l’évidence au sens de la vie.

Ce cours a pris forme à la suite du succès remporté par un séminaire de formation continue consacré aux représentations de l’après-mort dans le monde des religions et plus particulièrement la foi chrétienne. « Mon but, explique Daniel Marguerat, n’est pas d’offrir une information sur le mode de la prédication confessante ». Premier intervenant de ce cycle de conférences, le philosophe Michel Cornu qui, sous un titre provocant, « La mort n’est pas un problème », situera le mystère qu’elle constitue dans l’histoire de la pensée. Historien des religions, Youri Volokhine présentera « Le livre des morts » qui témoigne de la croyance de l’Egypte ancienne en une autre forme de vie pour lequel il fallait équiper les défunts, et de la responsabilité des vivants à l’égard des morts et des liens qui les unissaient.

Philosophe et rabbin, Armand Abécassis traitera de la question de la résurrection dans la tradition juive, puis Daniel Marguerat abordera la question de la vie après la mort premièrement selon la théorie de la réincarnation, qui affirme que l’énergie de vie ne meurt pas mais est recyclée automatiquement en une autre vie. Il y opposera la spécificité de la foi chrétienne, qui est un don et non un dû. « Aux croyants est proposé un sens de l’existence qui déborde des limites de la vie et prend son origine en Dieu. Pour le théologien, la question de l’après-mort pose celle de l’origine de la vie. « Il est différent de se dire : Je suis né à la suite d’un désir imprévu de mes parents, je suis donc le fruit du hasard, et dans cette perspective ma vie n’aura pas de trace. Ou de se dire : Ma vie est un mystère qui va aboutir après ma mort à un accueil par Dieu du caractère unique de ma vie ». Daniel Marguerat précise que les croyants ne se situent pas dans le registre du savoir, mais dans celui de la confiance en la résurrection, qui donne sens à l’existence.

Denis Müller donnera ensuite le point de vue de l’éthicien, sous un titre fort poétique emprunté à des vers de Rimbaud : »La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde ». « Parler de l’après-vie, c’est risquer de manquer la vraie vie, celle qui a un sens et dure éternellement, comme l’amour, explique le professeur d’éthique qui souhaite montrer que la foi chrétienne, en affirmant la résurrection, redonne de la saveur à la vie sur terre, en étant source d’espérance et de subversion ». Thème qui sera ensuite repris par le théologien catholique lyonnais Christian Duquoc qui mettra en perspective nihilisme et espérance chrétienne.Mourir…et après ? Cours public à la Faculté de théologie, Université de Lausanne, BFSH2, du 28 octobre au 2 décembre 2003, le mardi à 18h15.