Eglise vaudoise : une géographie humaine plus proche des gens

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Eglise vaudoise : une géographie humaine plus proche des gens

4 décembre 2003
Après trois ans de mise en place, la nouvelle organisation de l’institution réformée cantonale se voit soumise à sa première évaluation
Demain et samedi, sauf surprise, le Synode étudiera les conclusions plutôt positives d’un rapport détaillé. Cap maintenu, mais ajustements nécessaires. Le Conseil synodal vaudois s’avoue soulagé. La commission chargée d’examiner les trois premières années du processus Eglise à Venir (EAV) vient de rendre son verdict. Les termes en sont plutôt flatteurs : certes, des dysfonctionnements existent, mais grosso modo la direction prise semble la bonne et les choix effectués se montrent pertinents. Ces vendredi et samedi, le Synode cantonal dira s’il partage cette vision.

En 2001, donc, l’Eglise réformée du canton de Vaud (EERV) entrait dans sa nouvelle organisation au terme de plusieurs années de réflexion et de mise à plat de ses ressources et de ses priorités. « L’effort d’adaptation des uns et des autres a été remarquable, et nous pouvons saluer l’engagement de tous pour faire vivre EAV », souligne la commission. Selon son rapport, les premiers temps d’EAV ne révèlent ni défaut structurel, ni remise en question fondamentale des objectifs fixés. Structurellement, par exemple, l’EERV fonctionne désormais selon trois niveaux d’organisation que sont le canton, la région (il y en a 18) et la paroisse, dont le nombre est passé de 157 à 84. L’Eglise protestante vaudoise demeure essentiellement territoriale. Et sa mission reste identique : annoncer l’Evangile au peuple vaudois tout entier. Pourtant, pour y parvenir, la cartographie traditionnelle avec un territoire découpé en entités paroissiales ne suffit plus. « Avec EAV, explique le pasteur Antoine Reymond porte-parole du Conseil synodal, nous y avons ajouté une géographie humaine, axée sur les différents lieux de vie des gens. D’où la mise en place d’aumôneries et de services communautaires qui fonctionnent à une échelle plus large et selon une autre logique que le lieu d’habitation ». Formation et spiritualité en questionLa commission propose de conserver ce découpage, tout en insistant sur la nécessité de renforcer les collaborations verticales. Ce à quoi devra veiller un Office des ressources humaines aux prérogatives notablement renforcées. « L’ORH deviendra notamment l’autorité d’engagement lorsque nous serons passés sous la nouvelle loi ecclésiastique, remarque Antoine Reymond. Cela permettra une politique d’attribution des postes à plus long terme et le renforcement de la cohérence entre les différents secteurs ».

Une question qui rejoint celle de l’épineuse théologie des ministères, sur laquelle l’EERV devra débattre en juin prochain. « Le principe de base retenu dans un document actuellement en consultation est l’existence de tâches de base que tout ministre remplit. Une solide formation de base doit permettre la diversité des spécialisations, mais aussi une réelle cohésion autour de certains actes ecclésiaux de base », explique Antoine Reymond. Autre point relevé dans ce domaine, la mauvaise prise en compte de la spiritualité des serviteurs des pasteurs et diacres. Un point qui fait réagir Antoine Reymond : « Il nous faut reconnaître que la spiritualité personnelle fait partie du temps de travail d’un pasteur à qui l’on demande d’être quelqu’un qui transmet la Parole, qui accompagne les autres. Des congés de ressourcement seront prévus, ce qui devrait diminuer le nombre d’arrêts de travail pour cause de surmenage. Bref, de manière générale, les fondations d’une Eglise vaudoise modernisée paraissent solides. Et après une période d’agitation, le mode de fonctionnement d’EAV s’est pacifié, « même si, dans une institution vivante, des adaptations seront toujours nécessaires ».