Coup de massue pour les Eglises neuchâteloises : Philip Morris ne paie plus

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Coup de massue pour les Eglises neuchâteloises : Philip Morris ne paie plus

26 novembre 2010
L’entreprise Philip Morris ne versera plus sa contribution ecclésiastique aux Eglises réformée, catholique et catholique-chrétienne. Cette décision concerne aussi l’année 2010. L’impact est de l’ordre de 10% pour l’Eglise réformée (EREN) et de 20% pour les catholiques. Les Eglises accusent le coup et considèrent que le gouvernement neuchâtelois n’a pas pesé de tout son poids contre la décision du géant américain.


«Nous portons un regard sévère sur cette décision», a déclaré à ProtestInfo Gabriel Bader, président du Conseil synodal de l’Eglise réformée neuchâteloise (EREN). Il a été surpris comme ses collègues des autres Eglises par le côté abrupt de la décision. «Cette entreprise avait laissé entendre qu’elle verserait sa contribution tout au long de l’année. Elle nous a annoncé en novembre qu’elle se retirait pour 2010 aussi et sans proposer de délai», souligne M. Bader.

Philip Morris n’a pas non plus donné de raisons claires à sa décision. «Nous mêmes, quand nous devons couper une subvention, nous donnons un préavis de plusieurs mois à un an ou deux an», a-t-il poursuivi. C'est une question de responsabilité. »

Perte sèche de l'ordre de 900 000 francs

Pour l’EREN, cela signifie une perte sèche de l’ordre de 900 000.- sur un budget de 9 millions de francs. Ce qui implique dans un premier temps l'inscription de déficits dans les budgets 2010, 2011 et 2012. «Nous allons présenter le budget 2011 lors du synode qui se tient dans quelques jours. Mais nous n’allons pas céder à la panique en prenant des décisions trop rapides. »

Mais il est clair que l’EREN va reporter son manque à gagner sur d’autres organismes et en premier sur l’engagement social de l’Eglise. «Les entreprises sont davantage concernées par l’engagement social des Eglises que par leurs autres activités. Si elles se retirent, nous nous retirons en premier lieu de ce domaine», a poursuivi le Neuchâtelois.

L'engagement social en première ligne

Si l’Eglise doit se désengager partiellement de ce secteur, le canton devra prendre le relais. « Je ne suis pas sûr que l’Etat réalise l’impact de ce qui vient de se passer», a continué M. Bader. 

Des représentants du canton ont rencontré Philip Morris pour discuter de la contribution ecclésiastique sans la présence de membres des Eglises, selon lui, alors que les Eglises traitent normalement directement avec les entreprises, sans représentants de l’Etat.

Dans cette affaire, les Eglises se sentent donc aussi lâchées par le canton. 
Toujours selon M. Bader, l’entreprise ne reviendra pas sur sa décision. Il s’agira donc aux Eglises de trouver des solutions. Elles ont aussi l’intention d’interpeller le gouvernement neuchâtelois.

Tania Buri

Le communiqué de presse des Eglises

Pendant plus de 30 ans, les Eglises reconnues d’intérêt public du canton de Neuchâtel ont bénéficié de l’important soutien financier de cette entreprise. En effet, par le paiement d’une part de sa contribution ecclésiastique, cette entreprise a été un des principaux acteurs permettant aux Eglises d’assumer leur rôle au sein de la société neuchâteloise, en particulier dans les domaines du soutien humain, du service social et de la formation.

Les Eglises sont très reconnaissantes d’avoir pu bénéficier d’un tel soutien qui représentait entre 10 et 20% de leur budget de fonctionnement.

Dans le cadre d'une rencontre avec les représentants de cette entreprise et le Conseil d'Etat de Neuchâtel, les Eglises ont été mises devant le fait accompli de la décision de cette dernière de cesser, sans préavis, le paiement de sa contribution. Cette décision entre en vigueur non seulement pour les années à venir, mais également pour l’année écoulée pour laquelle les Eglises ont déjà engagé des dépenses.

Cette décision remet en question de manière immédiate la pérennité de nombreuses prestations garanties par les Eglises aux habitantes et habitants du Canton de Neuchâtel, prestations offertes sans distinction d’origine ni de religion. Ainsi, la présence régulière d’aumôniers dans les hôpitaux, les homes, la rue ou les prisons, la capacité à assumer la totalité des demandes de célébration de services funèbres, différentes actions dans le domaine social, ou encore la régulation des phénomènes religieux ou multiculturels, sont menacées.

Les Eglises sont conscientes de la responsabilité qu’elles portent et doivent chercher des solutions financières et organisationnelles pour que demain des hommes et des femmes puissent répondre avec professionnalisme et respect aux besoins de la population neuchâteloise. Devant faire face aujourd'hui à la précarité dans laquelle cette décision plonge les trois Eglises reconnues d’intérêt public, elles mesurent les difficultés auxquelles elles seront dorénavant confrontées pour permettre la poursuite de leur action et de leur mission.

  • Une conférence de presse est organisée mardi à Neuchâtel dans les locaux de l'EREN, mais compte tenu des fuites, elle a décidé de diffuser l'information vendredi en début de soirée.

Cet article a été :

Partiellement repris dans une dépêche ATS, qui a ensuite été publiée dans de nombreux médias suisses.