Le canton de Neuchâtel envisage de ne plus financer les services funèbres

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Le canton de Neuchâtel envisage de ne plus financer les services funèbres

26 septembre 2011
Un défunt simplement mis en terre sans autre forme de cérémonie? Economies obligent, le Conseil d'Etat neuchâtelois ne l'exclut pas pour les personnes non-croyantes ou désargentées. Les trois Eglises reconnues sont stupéfaites et font entendre leur voix auprès des députés.


Dès le premier trimestre de 2012, les trois Eglises neuchâteloises reconnues (réformée, catholique romaine et catholique chrétienne) pourraient devoir facturer leurs services funèbres aux familles des défunts. Coût d'un service? 1500 francs. Tombée le 6 septembre dernier, cette décision du Conseil d'Etat fait suite à l'exigence donnée aux Eglises d'objectiver toutes leurs dépenses d'intérêt général, estimées à 5 millions. Elle s'inscrit dans le contexte de fragilité financière des Eglises depuis le retrait du cigarettier Philip Morris, leur contributeur principal, en novembre 2010.

« Etant donné la santé financière du canton, nous ne nous faisions pas trop d'illusions sur une augmentation de la subvention de l'Etat aux trois Eglises (ndlr: aujourd'hui 1,6 mio par année) », a expliqué le président de l'Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN), Gabriel Bader, à ProtestInfo. C'est plutôt la justification de la décision qui a surpris. Le Conseil d'Etat, par exemple, reconnaît d'intérêt général le travail d'aumônerie dans les hôpitaux du canton, qu'il subventionne aujourd'hui à 40%. Mais le service funèbre d'un patient en serait exclu. « Cela donne l'impression qu'il n'y a eu aucune réflexion sérieuse », regrette le pasteur Bader.

« De fait, le Conseil d'Etat sait très bien que nous ne pourrons pas abandonner les services funèbres, qui répondent à une attente citoyenne », a encore expliqué le président de l'EREN. Les Eglises estiment en effet que tout être humain, quels que soient ses croyances, son statut social ou sa réputation, a droit à une cérémonie qui souligne publiquement la valeur de cette vie qui se termine, font-elles savoir dans un communiqué. A l'avenir, elles pourraient toutefois demander aux proches du défunt de s'acquitter de la contribution ecclésiastique volontaire.
La formation aussi touchée


En plus des services funèbres, le domaine de la formation auprès des enfants, des jeunes et des adultes pourrait aussi être touchée par la décision du gouvernement. Et cela alors que le concordat entre les Eglises et l'Etat vient d'être signé pour une nouvelle durée de dix ans et qu'il mentionne l'aspect humaniste de l'instruction dispensée par les institutions religieuses.

Les Eglises ont donc invité les députés à interpeller le gouvernement sur sa compréhension de l'article 97 de la Constitution qui dit que « l'Etat tient compte de la dimension spirituelle de la personne humaine ». En Suisse romande, le régime de laïcité genevois pourrait également contraindre les Eglises à facturer des prestations comme les services funèbres. Mais, d'après M. Bader, elles ne le font pas.

A Fribourg, certaines paroisses facturent les services funèbres ou les mariages aux personnes qui ne paient pas leur impôt ecclésiastique. « A titre personnel, je suis contre », avoue Daniel de Roche, président de l'Eglise réformée fribourgeoise et de la Conférence des Eglises réformées romandes. Mais une harmonisation sur le plan cantonal est prévue.

S. R.