Les collaborateurs de l'EPG l'ont appris mardi 24 avril. A 56 ans, l'homme qui aura incarné la fonction de directeur de leur Eglise s'en va. « C'est un changement de cap mûrement réfléchi », note ce père de deux enfants. « Après sept ans d'un travail remarquable, nous comprenons le choix de M. Biondina. C'est une tâche usante », a expliqué la présidente du Conseil du Consistoire (exécutif), Charlotte Kuffer, à ProtestInfo.

En 2005, ce pasteur formé aux techniques de management avait été engagé pour mener à bien la restructuration du secrétariat central de l'EPG. Il arrivait peu après le licenciement de six pasteurs pour raisons économiques, en 2004. Aujourd'hui, six nouveaux postes pourraient passer à la trappe ces deux prochaines années sans licenciement**. (lire ci dessous)

Dans l'immédiat, c'est la partie « chancellerie » de son poste qui préoccupe le plus. Elle sera peut-être repourvue ad interim. En effet, l'élection des conseils de paroisses doit se faire dans le courant de l'année. Et son organisation demande un suivi pointu de la part du secrétariat. Pour le reste, rien ne presse, assure la présidente, confiante. « Nous devons avant tout accompagner les changements qui attendent les lieux d'Eglise avant de songer à réduire la conduite administrative », explique Mme Kuffer. Elle n'exclut pas que le profil de la fonction soit revu.

Ces derniers mois, Jean Biondina a porté à bout de bras la modernisation du système informatique de l'EPG. En mars, le Conseil du Consistoire a informé le Consistoire (parlement) de sa décision « de renoncer aux phases complémentaires de la réalisation du projet baptisé ISI 2 », a précisé la porte-parole de l'EPG. « Les résultats dans les délais et les coûts des processus informatiques développés et analysés ont été très insatisfaisants », pouvait-on lire dans le rapport de la séance. L'ensemble de la démarche aura coûté 1,6 mio de francs. « Le départ de M. Biondina n'est pas lié à ce dossier, mais à son désir de changer d'orientation », a indiqué le secrétariat de la rue du Cloître.***

Reste que la fonction de directeur, indépendamment de la personne qui l'a incarnée, ne fait pas l'unanimité au sein de l'EPG. « C'est un échec », tonne Vincent Schmid, connu pour son hostilité à ce fonctionnement, unique au sein des Eglises réformées romandes. Le pasteur de la Cathédrale Saint-Pierre y voit « la marque de l'idéologie néo-libérale » dans la conduite de l'institution. « Beaucoup de gens de la base ont souffert de ce système confiscatoire de démocratie », assure-t-il, parlant d'un « sarkozysme d'Eglise ». Le ministre en appelle à un retour aux fondamentaux réformés. Son constat est selon lui largement partagé.

Sur incitation de certains donateurs, la création de ce poste de direction avait été accompagnée à l'époque d'une professionnalisation des autres postes-clé de l'EPG. A savoir la communication et les finances/immobilier, rejoints dans un deuxième temps par les ressources humaines au sein de l'équipe de direction. Selon une consultation des acteurs de l'Eglise menée il y a deux ans, cette distinction entre l'opérationnel et le stratégique a fait ses preuves.

NOTES:

*M. Biondina sera dès le 1er août le nouveau directeur de l'Action sociale de l'Hospice général et non pas 'dès le 1er juillet' comme écrit précédemment par erreur.

**Les postes disparaîtront. Précisions: sans licenciement.

**Le paragraphe, intitulé « Sarkozysme d'Eglise », a été remanié. Précisions: En mars, le Conseil du Consistoire a informé le Consistoire (parlement) de sa décision « de renoncer aux phases complémentaires de la réalisation du projet baptisé ISI », a précisé la porte-parole de l'EPG. De fait, le Consistoire n'a pas voté sur ce point.