Neuchâtel: sursis pour la gratuité des services funèbres

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Neuchâtel: sursis pour la gratuité des services funèbres

29 juin 2012
L'Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN) voulait facturer les enterrements jusqu'à un plafond de 1500 francs. Mais le synode (parlement) a renvoyé sa copie à l'exécutif. Le projet d'une fondation pour offrir des cérémonies aux plus démunis devra lui aussi être revu.


Le Conseil synodal (exécutif) de l'EREN tablait sur un gain de 250 000 francs par an. Mais mercredi soir à la Rouvraie (NE, photo), les délégués au synode n'ont pas voulu d'une facturation des services funèbres aux familles des défunts. Certaines d'entre elles continueront donc de passer entre les gouttes.

Du coup, l'exécutif devra remettre l'ouvrage sur le métier d'ici décembre, voire juin. « Nous sommes soulagés que la question n'ait pas été éludée », a expliqué le président du Conseil synodal Gabriel Bader, à ProtestInfo.

« Certains paient pour d'autres qui ont les moyens mais ne paient pas. Il faut corriger cet effet pervers », a plaidé le conseiller synodal Laurent Vuarraz, en charge du dossier. Mais plusieurs pasteurs sont montés à la tribune pour défendre une logique de gratuité et de don en matière d'enterrements. Il en va de même pour l'accompagnement spirituel des réfugiés, des détenus ou des malades, ont-ils avancé. Le gain envisagé – passage de 150 000 à 400 000 francs sur un budget d'à peu près 8 millions – vaut-il le « dégât d'image » ? ont questionné certains délégués.

Fondation dans les limbes

Pour l'heure, les bénéficiaires continueront d'être sensibilisés au paiement de la contribution ecclésiastique. Sans plus. Contrainte de chercher des solutions financières innovantes depuis le retrait de Philip Morris en 2010, l'EREN doit aussi faire face à la décision du Conseil d'Etat du 6 septembre dernier. Le gouvernement neuchâtelois choisissait alors de ne plus reconnaître les services funèbres des trois Eglises reconnues – avec les catholiques romaine et chrétienne – comme des prestations « d'intérêt public ».

Au final, c'est l'entier du dossier qui été jugé inabouti par le synode. Il comprenait aussi un volet lié à la création d'une fondation pour permettre à tout habitant du canton de bénéficier d'une cérémonie de fin de vie digne de ce nom, qu'elle soit religieuse ou non. Certaines familles doivent en effet y renoncer, faute de moyens. Une poignée de délégués a estimé que l'Eglise devait laisser ce « marché » se développer sans elle. « Le hic, c'est qu'il n'existe pas d'organisations à Neuchâtel qui proposent des cérémonies laïques », a plaidé Gabriel Bader. Le Conseil synodal pourrait mener une étude de marché pour quantifier la demande.

C'est la deuxième fois en quelques mois que les projets du Conseil synodal sont recalés. Ce printemps, sa proposition de diminuer le nombre de ses membres de 9 à 5 avait essuyé un refus de l'assemblée générale de l'EREN. Un peu plus de 470 protestants neuchâtelois ont voté entre les mois de mars et avril. S. R.


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Le dernier article de ProtestInfo sur le choix de l'assemblée générale de l'EREN.