DM-échange et mission: un théologien genevois part cinq mois au Cameroun

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DM-échange et mission: un théologien genevois part cinq mois au Cameroun

Laurence Villoz
24 septembre 2012
Nicolas Lüthi, pasteur stagiaire de l’Eglise protestante de Genève, va poursuivre sa formation dans le village de Bafoussam, au Cameroun. Mardi 18 septembre, il a quitté la Suisse pour rejoindre son nouveau lieu de travail: l’Eglise Evangélique du Cameroun (EEC) et le Cercle international pour la promotion de la création (CIPCRE).

«J’ai envie de me décentrer de la foi occidentale, d’apprendre comment les Camerounais vivent leur foi et comment ils la conjuguent avec leurs croyances», confie Nicolas Lüthi. Après un master en théologie, il a commencé son stage pastoral de deux ans à l’Eglise protestante de Genève.

La deuxième année de stage peut se faire à l’étranger. « C’était l’occasion pour moi de découvrir comment vivre la foi dans un autre contexte, dans la précarité », explique ce Genevois de 27 ans qui part en Afrique pour développer un autre regard sur le monde et surtout partager la vie, les expériences et la foi avec les habitants de Bafoussam.

C’est un séjour au Togo, quelques années plus tôt avec un groupe de jeunes, qui lui a donné envie de retourner en Afrique. « J’ai vraiment apprécié la qualité des échanges humains, l’accueil très fort qu’on a reçu et le souci de la personne dans la culture africaine », se remémore le jeune homme.

A Bafoussam, Nicolas Lüthi va travailler au sein de l’EEC, une église réformée malgré son nom, sous la supervision d’un pasteur local. « Je ne sais pas encore vraiment ce que je vais faire, je pense la même chose qu’ici mais différemment », sourit le jeune homme. Ainsi, il découvrira le culte, la catéchèse, les services funèbres et les mariages à la mode camerounaise.

Chaque pays adapte le christianisme à sa culture

Au Cameroun, les cultes durent environ trois heures. « En Suisse, on essaie de calibrer le culte sur une heure maximum car les gens doivent aller préparer le dîner et retrouver leur famille », compare Nicolas Lüthi qui ajoute que « chaque pays véhicule une forme de christianisme adapté à sa culture, que ce soit à Genève ou ailleurs».

Ainsi, son séjour va commencer par une phase d’observation afin de mieux saisir la spiritualité du pays. « L’important est de laisser de côté les clichés »: une église plus évangélique, une lecture plus littérale de la bible ou le fatalisme sont quelques idées préconçues qu’il veut chasser de son esprit.

S’interrogeant sur la question de la mort, le pasteur stagiaire évoque un culte qu’il avait présidé à Genève, pour la résurrection à Pâques: « J’étais à mille lieux de parler de la mort physique mais plutôt des passages, des petites fins, de la fin d’une relation ou d’une période de vie », relate Nicolas Lüthi qui se rend compte que « ce culte était complètement adapté à un milieu ou justement la mort est assez épurée ».

En Suisse, le taux de mortalité est bas et l’espérance de vie de 82 ans. Au Cameroun, le taux de mortalité est élevé, l’âge moyen est de 19 ans et l’espérance de vie de 54 ans. Cet état de faits rend le rapport à la mort complètement différent. La mort est quotidienne pour les Camerounais. D’ailleurs les enterrements leur prennent beaucoup de temps: « J’ai lu qu’avant, les enterrements se faisaient pendant la semaine. Il y en avait très fréquemment et tout le monde voulait y aller, c’était très important d’être présent. Mais cela posait un problème pour le rythme de vie du village, il y avait un énorme taux d’absentéisme. Maintenant, ils ne font cela que le week-end », raconte le jeune pasteur.

Une quinzaine de personnes dans 13 pays différents

Parallèlement à son activité dans la paroisse, il intégrera une équipe du CIPCRE qui s’occupe de former les délégués des paroisses à la résolution des conflits. Créé par les Camerounais en 1991, cette organisation lutte pour l’amélioration de la qualité de vie au Cameroun. Ces domaines d’action sont extrêmement variés, allant de l’écologie au développement démocratique, le tout basé sur les valeurs de l'Evangile.

Sur place, Nicolas Lüthi est accueilli par une famille suisse partie en 2011 avec DM-échange et mission. Dépendante des Eglises protestantes romandes, cette organisation développe des projets de mission, de formation et de développement avec les Eglises du Sud. Chaque année, elle envoie une quinzaine de personnes dans 13 pays différents, en Afrique, en Amérique latine et au Proche-Orient. La plupart des personnes qui s’engagent auprès de DM-échange et mission ont des compétences dans le domaine médical, dans l’enseignement, dans l’ingénierie ou théologique.

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