Ces paroisses aisées qui « s’offrent » des laïcs

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Ces paroisses aisées qui « s’offrent » des laïcs

22 octobre 2012
Les moyens des Eglises cantonales diminuent? Qu’à cela ne tienne. En Suisse romande, une poignée de paroisses réformées ont décidé de se payer les services de laïcs. L’amorce d’une Eglise à deux vitesses? Zoom sur le cas vaudois.


Elle a passé la vitesse supérieure cet été. Alors qu'elle peut compter sur un animateur jeunesse depuis près de vingt ans, la paroisse réformée de Corsier-sur-Veyey (VD, photo) a pu s'offrir un « assistant pastoral ». En clair, un bras droit pour le pasteur titulaire.

Le jeune homme, théologien, rejoint l'équipe de salariés de la paroisse. Elle comprend aussi une laïque engagée (à 60%) pour animer la musique dans les cultes et le domaine de l'enfance. Coût de l’opération: 105 000 fr. par année, à la charge des fidèles.

« Les petites rivières font les grandes », explique Laurent Kohli, le président du Conseil de paroisse. Pour l’avocat montreusien, il s’agit avant tout d’une question spirituelle. « Les fidèles donnent plus volontiers à une paroisse vivante qu'à une institution cantonale », résume-t-il. L'homme se défend donc d'être dans une nouvelle culture ecclésiale, chez les réformés, du « qui paie choisit ».

Contrer la diminution des dotations

La paroisse de la Riviera ne fait pas figure d'exception dans l'Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV). Dans la région lausannoise, par exemple, d'autres paroisses financent des postes d'animateurs jeunesse. Mais les cas restent marginaux. De fait, si ces paroisses ont pris l'option de financer elles-mêmes des postes, c'est d'abord pour faire face à la diminution des dotations ministérielles. « L'enveloppe à notre disposition est trop faible par rapport à nos besoins. Notre destin est entre nos mains », résume Laurent Kohli.

Les autorités de EERV, pour leur part, approuvent ces initiatives. Cela n’a pas toujours été le cas. Aujourd’hui, elles tiennent à les cadrer. L’investissement financier des paroisses ne doit par exemple pas se faire au détriment de leurs contributions à la région et au canton. « Les candidats doivent aussi être habilités par notre office des ressources humaines », explique Xavier Paillard, conseiller synodal. Le plus souvent, la personne devra aussi collaborer pour la région.

Au final, avec une enveloppe étatique de 35 millions de francs par an sur un budget de près de 50 millions, l’EERV fait-elle juste en accompagnant ces enthousiames issus de la base? « Plus une Eglise sait se profiler avec des projets dynamiques, plus elle se montrera crédible aux yeux de l’Etat », réplique le pasteur Paillard; une sorte de partenariat public-privé comme il en existe dans d’autres domaines, poursuit-il. Des institutions comme la clinique de Genolier (VD) ou l’institution pour personnes handicapées L’Espérance, à Etoy (VD), le montrent à leur manière: elles assument depuis plusieurs années une partie du salaire de leur aumônier protestant. S. R.


L’exception neuchâteloise de l’Entre-deux-Lacs

Côté neuchâtelois, avec un animateur jeunesse depuis plusieurs années, la paroisse de l’Entre-deux-Lacs fait figure d’exception. « Par souci de cohérence institutionnelle, nous n’encourgeons pas les paroisses à financer elles-mêmes un poste », explique Fabrice Demarle, responsable des resources humaines de l’EREN. Dans un système de contributions volontaires, tous les dons investis dans un tel poste ne pourraient pas l’être pour dégager des ressources utiles à d’autres projets à l’échelon cantonal. L’Eglise protestante de Genève connaît une situation similaire.