Jeudi saint et engagement: un théologien réformé travaille pour Amnesty International
Martin Hausmann établit un lien entre le jeudi saint, jour du dernier repas de Jésus avec ses disciples la veille de la crucifixion, et son propre engagement, en rappelant que Jésus a connu lui aussi l’angoisse de la mort dans la nuit du jeudi au vendredi saint: «Dans l’emprisonnement de Jésus peu avant la crucifixion se reflète le destin de ceux qui sont injustement maintenus en prison», dit-il.
Depuis plus d’une décennie, l'homme aujourd’hui âgé de 76 ans, écrit des lettres contre l’oubli, pour le compte d’Amnesty International. Lui et d’autre militants en appellent aux organes officiels et demandent poliment la libération de prisonniers. «Une double communauté s’établit ainsi, explique Martin Hausmann: la première avec le prisonnier qui, à des milliers de kilomètres de là, vit dans l’incertitude totale, parfois proche de la mort, et la deuxième au sein de notre groupe d’Amnesty, qui nous donne la force de ne pas relâcher notre engagement.»
La crucifixion aujourd'hui?Comme Martin Hausmann, le pasteur responsable de l’Église de Brême Renke Brahms jette un pont avec le présent, dans lequel il inclut le vendredi saint, jour de la crucifixion. «Jésus est pris dans la machine de torture de la puissance romaine, raillé, battu et tué. Aujourd’hui, beaucoup de femmes et d’hommes sont persécutés, souffrent l’angoisse de la mort, sont victimes de l’exclusion, de la haine et de conflits irréconciliables.»
Parmi eux figurent les victimes de la série de meurtres racistes du groupe terroriste d’extrême droite NSU à Zwickau (DE). Et aussi cette famille de Roms qui, après avoir subi des actes de harcèlement et un attentat meurtrier dans sa patrie, en Serbie, a fui jusqu’à Brême: «Ici en Allemagne, nous avons dû aller jusqu’au tribunal pour être reconnus comme réfugiés», rapporte le père de famille de 39 ans qui, toujours inquiet, souhaite garder l’anonymat.
Renvoyés après 19 ansLa crainte a aussi accompagné pendant longtemps la famille de réfugiés vietnamiens Nguyen, établie à Hoya, en Basse-Saxe. Les parents vivaient depuis 19 ans en Allemagne, la famille s’était agrandie à trois enfants. Ils avaient du travail, des amis allemands. Mais un jour toute la famille, jusqu’à la fille aînée Ngoc Lan, a été renvoyée précipitamment à Hanoi – un choc surtout pour les deux plus jeunes enfants, qui n’étaient jamais allés au Vietnam.
Mais il y a un peu plus d’un an, à la suite d’une vague de protestations, la famille a pu rentrer légalement en Allemagne. Le théologien Renke Brahms se réjouit: «la mort, le désespoir et la désespérance n’auront pas le dernier mot.» (FNA-17)