La concurrence touche le secteur des vieux vêtements

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La concurrence touche le secteur des vieux vêtements

17 octobre 2013
ref.ch - La récolte de vieux vêtements n'échappe pas à la concurrence. L'entreprise Texaid, qui domine le marché et dans laquelle l'EPER, œuvre d'entraide des Eglises protestantes, détient une participation, se voit forcée d'agir: elle va s'inspirer du modèle d'un concurrent commercial et entend s'agrandir grâce à des rachats.


Pendant longtemps, l'entreprise Texaid était la seule en Suisse à s'intéresser aux vêtements usagés. Fondée en 1978, elle a régné seule sur le marché suisse pendant plus de 10 ans, assurant aux six œuvres d'entraide, auxquelles elle appartient pour moitié, des bénéfices toujours plus élevés. L'année dernière, l'EPER, la Croix-Rouge suisse, Caritas Suisse et d'autres organisations caritatives ont touché ensemble 5,4 millions de francs.

Dans les années 1990, l'arrivée de concurrents plus modestes comme Contex ou Tell-Tex n'a pas vraiment menacé la position de Texaid, car il y avait suffisamment de vieux vêtements pour tous. Les quantités récoltées ne cessaient d'augmenter, tout comme les profits. Mais tout a changé l'année dernière: bien que Texaid ait réalisé un excellent résultat annuel, les quantités récoltées ont diminué pour la première fois au cours des 35 années d'existence de l'entreprise: quelque 34'200 tonnes d'habits et de chaussures usagés ont été recueillies, soit près de 500 tonnes de moins que l'année précédente.

La concurrence des conteneurs dans les filiales de H&M

Les profits croissants réalisés par le commerce des vieux vêtements ont suscité la convoitise de concurrents à buts lucratifs qui se sont introduits en Suisse. On le constate dans les filiales de H&M, où depuis le début de l'année on récolte aussi de vieux vêtements. La collecte est organisée par la maison I:Collect, dont le siège est à Baar ZG, selon un modèle qui récompense les donateurs d'habits usagés par des bons d'achat H&M.

Cette concurrence et la diminution des quantités récoltées ont obligé l'entreprise Texaid, dont la position semblait inattaquable, à agir. Dès cet automne, Texaid va également récolter de vieux vêtements dans des magasins de mode. "Nous serons partenaires de deux chaînes suisses", déclare Lilly Sulzbacher, porte-parole de Texaid, sans toutefois révéler le nom de ces deux entreprises.

"Nous devons franchir ce pas, car sinon I:Collect va occuper le marché", déclare Mme Sulzbacher. En fait Texaid n'avait pas prévu de collaborer avec des magasins de vêtements, mais l'évolution de la situation ne lui laisse pas le choix. "Bien entendu, nous faisons tout pour renforcer notre position", poursuit Mme Sulzbacher.

La chaîne de magasins d'habillement Companys organise elle aussi des collectes de vêtements dans le cadre de Charity weeks en faveur de l'Aide suisse aux montagnards: en donnant une vieille veste, le client obtient une réduction à l'achat d'une nouvelle.

Expansion vers l'Allemagne

Toujours dans le souci de renforcer sa position, Texaid a racheté le groupe allemand ReSales, entreprise de collecte de vêtements qui emploie 650 personnes et dispose de 6500 conteneurs et de deux centres de tri. Cette reprise a eu lieu le 30 août, avec pour conséquence que l'effectif du personnel s'élève désormais à 1000 personnes.

Cette mesure fait de Texaid la troisième entreprise européenne de valorisation de vieux vêtements. En renforçant sa position sur le marché suisse, Texaid assure aussi le maintien d'emplois dans en Suisse, comme l'écrit l'entreprise dans un communiqué de presse publié début septembre.

Mais l'appétit de Texaid suscite aussi des critiques: on lui reproche de négliger l'aspect caritatif en faveur de la croissance et du profit. La porte-parole de Texaid estime que ces critiques sont totalement infondées: l'année dernière, 90% des bénéfices ont été redistribués aux œuvres d'entraide partenaires, ce qui représente un montant supérieur à ceux des dernières années.