L’or du Congo n'apporte pas la paix

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L’or du Congo n'apporte pas la paix

9 décembre 2013
Nairobi (epd - ProtestInter) Les bijoux en or sont des cadeaux de Noël prisés parmi ceux qui peuvent se le permettre. L’intérêt pour ce type d’achat revient aussi régulièrement que la mise en garde contre les bijoux de source non fiables, venant peut-être de régions en situation de crise. Dans cette perspective, la publication d’une nouvelle carte géographique de la région Est de la République démocratique du Congo arrive à point nommé.


Une carte, publiée par l’organisation belge IPIS (International Peace Information Service), montre les mines et les sites d’extraction à l’est du pays d’Afrique centrale; on voit quelles mines sont contrôlées par les milices et quelles autres par l’armée congolaise. Ainsi, le rapport entre les conflits qui se poursuivent depuis des années au Congo et la richesse du pays en ressources minières est encore une fois mis en évidence: là où on trouve de l’or, du coltan ou de la cassitérite, il est fréquent qu’un groupe armé occupe une position militaire.

Les conflits qui durent depuis des années dans les deux provinces du Kivu, à l’est du pays, s’expliquent en particulier par la richesse de la région en matières premières. La nouvelle carte fait apparaître que, pour les groupes armés, l’or constitue actuellement la matière première la plus importante, prenant ainsi la place des minerais de coltan et de cassitérite utilisés, entre autres, dans la production de téléphones mobiles.

Selon l’étude, plus de la moitié des 800 mines recensées sont contrôlées par des groupes armés, un peu plus (265) par les milices que par l’armée congolaise (200).

L’intérêt pour l’or s’est encore accru par l’augmentation de son prix d’une part et d’autre part, selon les spécialistes, par l’obligation imposée par les États-Unis de fournir une attestation d’origine pour les minerais qui pourraient être des «minerais de conflit» – coltan et cassitérite.

Mesures peu efficaces

Cette entrave juridique n’a pour l’heure pas fait avancer la paix à l’est du Congo. Certes, le mouvement rebelle M23 («Mouvement du 23 mars»), fondé en 2012, a accepté de déposer les armes fin octobre. Mais la cause en est avant tout la défaite militaire que lui a infligé l’armée congolaise et les casques bleus des Nations Unies.

Avec près de 20 000 soldats, la MONUSCO constitue la plus grande Mission des Nations Unies dans le monde. Cette année, elle a reçu un mandat ferme et un contingent d’intervention supplémentaire de 3000 hommes. Jusque-là, la Mission de l’ONU, qui se trouve dans le pays depuis 1999 sous le nom de MONUC, était fortement critiquée pour son inaction et son incapacité.

Mais depuis, aucun traité de paix ou simple accord n’a été signé entre l’armée congolaise et le M23. Les négociations ont échoué il y a quelques jours. Et, bien que la milice la plus puissante jusque-là ait cessé de combattre, la situation sécuritaire à l’est du Congo demeure tendue.

Seulement dans le Nord-Kivu, il y a encore une quarantaine de milices qui harcèlent la population des villages. Comme l’étude d’IPIS l’a confirmé une nouvelle fois, beaucoup de ces milices se financent notamment en contrôlant les mines d’or ou de minéraux.
L’émetteur des États-Unis Voice of America (VOA) a annoncé toutefois il y a quelques jours que certaines milices étaient prêtes à déposer les armes échappant ainsi au destin du M23 qui avait subit de lourdes défaites militaires. Fidel Bafilemba, du groupe militant des États-Unis «Enough Project», a déclaré à VAO qu’il tenait les documents pour authentiques.

Toujours est-il que tous ces événements sont des pas en direction de la paix. Pourtant, le groupe «Forces démocratiques pour la libération du Rwanda» (FDLR), l’un des groupes armés les plus brutaux, ne semble pas encore prêt à déposer les armes. Ce groupe est issu de la milice rendue responsable du génocide au Rwanda en 1994. À l’époque, les auteurs du génocide s’enfuirent au Congo, où ils vivent depuis lors retranchés dans les forêts à l’est et commettent des crimes de guerre contre la population congolaise. Ainsi, malgré le succès militaire contre le M23 et l’exclusion croissante des «minerais de conflit», le rétablissement de la paix au Congo n’en est toujours qu’à ses balbutiements. (FNA-124)