L'Eglise est dans son rôle quand elle dénonce des pratiques peu humaines!

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L'Eglise est dans son rôle quand elle dénonce des pratiques peu humaines!

5 février 2014
Les Eglises romandes sont-elles peu crédibles en matière d'immigration et insensible aux souffrances des Suisses ou au contraire parfaitement dans leur rôle lorsqu'elles apportent un message d'Espoir et viennent en aide aux plus nécessiteux? Le texte d'opinion de la semaine passée a hérissé des lecteurs. A quelques jours de la votation sur l'initiative «contre l'immigration de masse» le débat se poursuit.

par Charlotte Kuffer, présidente de l'Eglise protestante de Genève

Le 29 janvier, Suzette Sandoz interpelle les Eglises jugées «peu crédibles» en matière d’asile et d’immigration. Certes les Eglises romandes n’ont pas la baguette magique pour répondre aux attentes qu’elle formule, mais elles sont actives!

Présentes, au travers d’aumôneries souvent œcuméniques, dans les centres de détention administrative et les lieux d’accueil de réfugiés cabossés de la vie, les Eglises rappellent souvent que les amalgames et préjugés sont mauvais conseillers. Elles luttent pour que l’engagement politique se fonde sur des informations vérifiées: on fait dire tant de choses aux chiffres. Connaître la situation des pays d’où viennent les migrants, c’est ouvrir une porte mentale et si les médias nous aidaient un peu plus?

Agir contre le renvoi au nom des accords Dublin, des femmes et enfants

La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a soutenu en 2011 auprès de la Conseillère fédérale Sommaruga, une résolution, initiée par l’Eglise protestante de Genève, demandant que la Suisse établisse des critères pour l’usage de son droit de souveraineté, alors qu’elle renvoie femmes et enfants en Grèce ou en Italie.

N’est-ce pas la responsabilité des églises 
de s’engager en dénonçant des pratiques 
bien peu humaines

Autre particularité, les dialogues avec les autorités cantonales pour assurer un accompagnement spirituel (cf les recommandations du Conseil de l’Europe 2006) de ces personnes détenues ou sous contrôle, signe de notre Espérance que se remettre debout est possible au bout du chemin.

N’est-ce pas la responsabilité des églises de s’engager en dénonçant des pratiques certes légales mais bien peu humaines vis-à-vis de familles exsangues, et de soutenir spirituellement ceux qui y sont réceptifs? Les églises ne sont pas contre les politiques en matière d’immigration, terriblement complexes, mais elles apportent un éclairage spécifique de vigilance.

Ne pas se tromper de responsables

La rhétorique de la symétrie dans les souffrances que propose Suzette Sandoz me paraît plus que discutable par ailleurs. Son raisonnement qui désigne les immigrés (tous confondus, procédé peu éthique?) comme responsables du dumping salarial, sans passer par la case de l’application des lois, nerf de la guerre (merci les syndicats) et sans désigner la responsabilité première de patrons d’entreprise peu scrupuleux me hérisse, désolée.

Ceci dit, pour connaître le ministère discret des pasteurs et des diacres romands, comme celui des communautés paroissiales, je peux témoigner de l’attention portée à ceux qui «décrochent» et se trouvent aspirés par la spirale de la précarité, les églises travaillent en bonne intelligence avec le réseau social romand (CSP compris). On peut toujours mieux faire, nous y travaillons!

Liberté et responsabilité font partie du protestantisme

Enfin, parce que la liberté et la responsabilité font partie des fondements du protestantisme, mais aussi des valeurs évangéliques, la contribution des églises par les catéchismes des familles, des enfants, des jeunes (idée désuète pour bien de nos contemporains…) et par la prédication (le dimanche, quelle drôle d’idée…), c’est celle de l’éveil à la conscience d’être aimé de Dieu. Ainsi récipiendaires de ressources d’attention à l’autre comme à soi-même, les chrétiens sont équipés pour s’engager, avec tant d’autres, au niveau humanitaire, politique (merci Suzette Sandoz), professionnel, etc.

C’est ensemble que nous nous engageons pour réduire la précarité, pour entourer les personnes dépendantes d’addiction, pour créer des activités qui restituent un peu d’humanité aux dealers, et aussi pour soutenir nos gouvernements dans leur lutte contre les mafias qui alimentent l’Europe en substances et organisent les réseaux de passeurs qui sèment atrocement la mort.

Sérieuses, les Eglises le sont, angéliques malheureusement pas, timorées peut-être, mais la discrimination frappe parfois à la porte du religieux…