L’Église protestante enregistre une polarisation de ses membres

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L’Église protestante enregistre une polarisation de ses membres

14 mars 2014
De génération en génération, l’Église protestante allemande perd de son importance – même auprès de ses propres membres. Comme le montre une enquête de l’Église évangélique d’Allemagne présentée la semaine passée à Berlin, on n’observe pas seulement une diminution continuelle de l’effectif des membres, mais aussi une augmentation du nombre des personnes qui, certes, appartiennent à l’Église, mais ne se sentent guère ou pas du tout liées à elle.

Berlin (epd - ProtestInter) Selon les résultats de la cinquième enquête sur l’appartenance à l’Église menée par l’Église évangélique d’Allemagne (EKD), 32% des protestants d’Allemagne ne se sentent tout au plus que très faiblement liés, alors que 15% indiquent qu’ils sont fortement liés à l’Église protestante.

Dans l’enquête correspondante de 1992, 27% seulement indiquaient qu’ils n’étaient guère ou pas du tout liés. Il est vrai qu’à l’époque, la proportion de ceux qui affirmaient un lien fort était plus basse et se situait aux alentours de 11%. Les extrêmes progressent, alors que la zone médiane de ceux qui demeurent malgré tout encore faiblement liés diminue, observe le sociologue des religions Detlef Pollack.

Le président du Conseil de l’EKD, Nikolaus Schneider, a exprimé son inquiétude lors de la présentation des résultats: «Nous devons constater très objectivement qu’une indifférence croissante se manifeste chez les membres d’Église.» Cette constatation doit inciter l’Église à se confronter sérieusement à la question.

L’expression d’une indifférence pratiquement totale

Le président de l’Église évangélique de Hesse-Nassau, Volker Jung, estime qu’être membre de l’Église est toujours plus une question de «dire clairement oui ou non». Selon lui, l’Église doit essayer de comprendre cette polarisation. L’augmentation du nombre des personnes éloignées de l’Église ne résulte pas d’une controverse ou d’une volonté de démarcation, elle est plutôt «l’expression d’une indifférence pratiquement totale», a ajouté Volker Jung.

En même temps, les responsables d’Église ont souligné la progression qui se manifeste à l’autre bout de l’échelle, où on trouve toujours plus de membres fortement liés: «Trois membres sur quatre ne songent pas à quitter notre Église», a souligné Nikolaus Schneider.

L’étude récemment publiée fait apparaître que 73% des protestants ne songent pas à sortir de l’Église. En 1992, cette proportion était de 55% seulement. Detlef Pollack, qui est membre du comité consultatif de l’enquête, a signalé aussi à ce propos la progression de l’autre extrême: alors qu’il y a dix ou vingt ans, un petit groupe de 2 à 4% seulement indiquait la volonté de sortir prochainement de l’Église, «nous en sommes aujourd’hui à 8%», a-t-il relevé.

L’éducation religieuse n’est plus la règle dans les familles

Pour expliquer la croissance du groupe des personnes éloignées de l’Église, l’étude fait observer que l’éducation religieuse n’est plus la règle dans les familles, y compris dans les familles protestantes. Sur les membres de l’EKD âgés de plus de 60 ans, environ 83% indiquent avoir reçu une éducation religieuse. Parmi les membres d’Église de moins de 30 ans, la proportion n’est plus que de 55%.

«La socialisation religieuse intervient dans la famille. Or la transmission de la foi de génération en génération ne va plus de soi», a indiqué Gerhard Wegner, directeur de l’Institut des sciences sociales de l’EKD, à l’agence de presse protestante epd.

Selon l’évêque de l’Église évangélique luthérienne de Bavière Heinrich Bedford-Strohm, il importe de mettre en évidence plus clairement «le précieux capital social» présent dans l’Église protestante. Il se référait ainsi à une constatation de l’enquête selon laquelle les membres d’Église sont un peu plus nombreux à s’engager aussi dans des activités bénévoles non rattachées à l’Église. Cet aspect mérite d’être pris en compte dans les nombreuses discussions où on met en question le soutien de l’État aux Églises, estime l’évêque.

Le rôle des médias évangéliques sort renforcé de l’enquête, a souligné Christof Vetter, président de l’Association protestante des médias en Allemagne (EMVD): les résultats montrent qu’après le journal quotidien et le bulletin paroissial, l’hebdomadaire de l’Église est la troisième source d’information sur l’Église protestante.

L’institut de sondage Emnid, en charge de l’enquête effectuée fin 2012, a interrogé au total 2016 protestantes et protestants et 1011 personnes sans confession. Depuis 1972, l’Église évangélique d’Allemagne présente à intervalles de dix ans des études détaillées sur les membres. À fin 2012, 23,4 millions de personnes étaient membres des Églises régionales protestantes. 24,3 millions de personnes habitant l’Allemagne étaient catholiques. Cinq ans auparavant, on comptait encore 24,8 millions de membres de l’Église protestante et 25,5 millions de membres de l’Église catholique romaine.

(FNa)