File d’attente, contrôle des réservations, fouilles des sacs et agents de sécurité en nombre: on aurait pu croire qu’une star du rock donnait un concert samedi après-midi au centre de congrès et de spectacles Uptown Geneva dans le quartier des Grottes, à Genève. Mais, ce dispositif n’accueillait pas les groupies de la nouvelle idole de la télé-réalité, mais les participants au mouvement de prière et de jeûne l’Appel/The Call.

De 14h à 2h du matin des centaines de chrétiens ont envahi les lieux pour 12 heures de prière et de louanges. De 14h à 22h, sur la scène de la salle «Broadway», la plus grande du complexe, se sont succédé prédicateurs et groupes de louanges. La salle, qui peut accueillir 460 personnes était archicomble. Un important système vidéo animait la scène principale et permettait à des dizaines de personnes de suivre l’évènement depuis le hall du complexe ainsi que dans la salle voisine «Rive».

Jusqu’à 22h, «Broadway» n’a pas désempli. Une partie des participants a toutefois profité du changement de salle prévu après 8h pour quitter l’évènement. Les quatre dernières heures de ce marathon avaient lieu sur les pistes de danse de la salle «Concorde» (290 places). «Aujourd’hui, cet amphithéatre habituellement utilisé pour présenter des films compromis est utilisé pour louer le Seigneur», s’est réjouit le conducteur de louange Sean Feucht, comparant le lieu à sa guitare Gibson d’occasion sur laquelle certainement que des musiques autres que des louanges ont été jouées.

Durant le show, bilingue français-anglais, ou plutôt anglais-français, personne n’évoque la polémique qui a entouré l’organisation de l’évènement. Lou Engle le prédicateur américain qui a créé l’Appel/The Call au début des années 2000 aux Etats-Unis, devait venir prêcher à Genève. Mais sa présence a provoqué l’ire des associations lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles. Le personnage est, en effet, controversé en particulier depuis qu’en 2010. Lors d’une rencontre The Call en Ouganda, il a soutenu les efforts du gouvernement dans la lutte contre l’homosexualité, malgré que les projets de loi des autorités prévoyaient l’emprisonnement à vie et la peine de morts pour les gays et lesbiennes.

Lou Engle a finalement renoncé à venir à Genève, mais son livre «Vocation Naziréen», était bien présent «pour la première fois en français», précise la femme qui tenait le stand placé à l’entrée de la salle et où le fascicule était échangé contre un don. En une quarantaine de pages, Lou Engle présente la vision du mouvement The Call: rassembler des fidèles pour appeler Dieu à un réveil des nations. Pour ce faire, des personnes, appelées à devenir «Naziréens», se mettent à part pour le service de Dieu et constituent un contre-mouvement à la «culture de la mort» du monde séculier.

Sur scènes les groupes de louange se succèdent, enchaînant, sono à coin, les longues sessions d’adoration. Dans la salle les alléluias et le parler en langues retentissent. Durant les prises de parole relativement brèves, des pasteurs présentent les visions et prophéties que Dieu leur a données. Et pas question de mettre en doute cette soudaine loquacité divine: les participants ont ainsi appris par l’«apôtre Myriam», une Brésilienne qui a prié pour la chute du mur de Berlin pendant 15 ans avant d’être exaucée, que Genève sera le lieu d’un important réveil religieux qui débordera loin au-delà des frontières de la Cité de Calvin. Ce réveille arrivera par la communauté latino de la ville.

Lors d’une autre intervention, des représentants des communautés moraves, vaudoises (issue de l’enseignement de Pierre Valdo), huguenots, de l’Armée du salut, du mouvement de Sainteté Wesley, des anabaptistes, du mouvement de réveil du pays de Galle, de l’Eglise protestante et de l’Eglise catholique ont été appelés sur scène. Les organisateurs ont alors demandé pardon de n’avoir pas toujours su voir l’action de Dieu dans ces mouvements aux pratiques différentes.

«Dans l’histoire de l’Eglise, chaque mouvement a persécuté le mouvement suivant.» Un vibrant appel au respect des différentes façons de croire qui n’a pas empêché des leaders de louanges suivants d’expliquer la bonne façon de louer. Ainsi en fin de soirée un prédicateur menant la louange reconnaît être timide, mais avoir «appris à louer» dans les communautés africaines. Juste avant lui Sean Feucht, musicien anglais expliquait «Quand on voit Dieu petit, on a une adoration petite, mais quand on voit Dieu grand, bien sûr qu’on le loue avec grandeur!»

Une autre section a été consacrée à la famille. «Dieu aime les familles. Un homme, une femme, la multiplication, c’est un destin merveilleux. L’Ennemi essaie très durement de combattre la famille.» Pour cet évangéliste, plutôt que de protéger les enfants du Monde, il faut les armer spirituellement et appliquer en matière de combat pour Jésus, comme pour la reconstruction du mur d’enceinte de Jérusalem décrit dans Néhémie: en plaçant les familles aux points les plus faibles.

Les participants à L’Appel ont aussi prié pour un réveil en Israël, la foi en Christ comme gage de réconciliation entre juifs et musulmans. Ils ont également prié pour la Suisse. «Oui, notre pays est en danger!», a prévenu l’un des intercesseurs du Palais fédéral. «Certains veulent supprimer l’hymne national qui fait référence à Dieu et d’autres veulent ouvrir notre pays à d’autres influences et le laisser se diluer», a-t-il constaté avant de conclure: «Il faut que le peuple de l’Eglise se lève!» Une de ses collègues a complété: «Il y a des groupes, comme les socialistes qui veulent faire supprimer “Au nom de Dieu Tout-Puissant!” de la Constitution.»