Les délégués de la FEPS congédient le modérateur invité

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Les délégués de la FEPS congédient le modérateur invité

Laurence Villoz
18 juin 2014
Lors de la journée dédiée à la révision de la constitution, les délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse ont renvoyé, par une motion d’ordre, le modérateur venu animer les débats, mardi 17 juin, lors de l’Assemblée, à Scuol, dans les Grisons. Les discussions ont néanmoins fait avancer le dossier.

Photo (lv): Les délégués réunis dans l’école de Scuol

, Scuol

«Le discours de présentation du modérateur contenait tout pour créer des tensions», déplore Gottfried Locher, le président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). Pour animer les débats autour du dossier complexe de la révision de la constitution, le bureau de l’Assemblée des délégués avait invité un spécialiste en communication. Sa présentation «inadéquate», avec une prise de position par rapport à la situation des Eglises et «dénigrante» à l’égard des Eglises cantonales a blessé et profondément énervé plusieurs délégués qui ont demandé une motion d’ordre pour qu’il soit renvoyé sur-le-champs. Cette motion, émise par les délégués, Christoph Weber-Berg, du canton d’Argovie, Andreas Zeller, des Eglises de Berne-Jura-Soleure et par Michel Müller de Zurich, a été acceptée par l’Assemblée.

Néanmoins, elle n’a pas convaincu tous les délégués. «Notre mécontentement face à l’exposé de l’animateur a égalé notre mécontentement face au comportement des présidents des grandes Eglises», a exprimé une déléguée d’Obwald parlant au nom de son groupe de discussion. Après avoir renvoyé le modérateur, les délégués ont été répartis en trois groupes (fermés à la presse) – deux germanophones et un francophone – pour aborder le dossier de la révision de la constitution.

Un projet de révision qui fait grincer des dents

En juin 2013, la Feps avait soumis aux directions des 26 Eglises suisses un projet de nouvelle constitution qui avait fait grincer des dents notamment par rapport à la proposition d’une direction tripartite répartie entre un synode, un conseil et un président. En effet, cette nouvelle répartition des responsabilités impliquant une constitution fondée sur le droit ecclésiastique ferait de la FEPS une «autorité religieuse suprême». Les Eglises avaient eu jusqu’au 30 novembre 2013 pour exprimer leurs opinions. Sur cette base, le Conseil a réalisé un dossier pour l’Assemblée de Scuol, présentant six thèmes centraux, dont la question de la direction tripartite, la forme juridique ou encore la taille des Eglises membres et leurs poids respectifs.

Parmi les opinions exprimées par les trois groupes lors d'un débat général, la direction tripartite n’a pas remporté plus de succès qu’en première lecture. «Nous souhaitons garder le modèle presbytéro-synodal actuel ainsi qu’une structure fondée sur le droit associatif», a exprimé Barbara Borer, déléguée neuchâteloise, pour le groupe francophone. Parallèlement, ce groupe s’est exprimé en faveur d’une indépendance entre la force financière d’une Eglise et son nombre de voix pour les décisions.

«Nous regrettons qu’il n’y ait pas eu un travail de synthèse à la suite de la consultation», a déploré Claudia Haslebacher, déléguée de l’Eglise méthodiste au nom d’un des groupes germanophones. Elle a également souligné «un processus pas assez participatif et présentant trop de surprises».

Réunir les points qui font consensus

«Nous aspirons tous à la communion d’Eglises, mais elle ne peut pas se décréter, elle fait partie d’un processus en cours. Il faudrait lister les points sur lequel nous sommes déjà tous d’accord aujourd’hui», a exprimé Barbara Borer. Ainsi, le Conseil est chargé de transmettre les réflexions de cette journée pour qu’elles soient reprises dans le cadre de la Conférence des présidents d’Eglise (CPE) et d’établir une liste des points qui font consensus. Le dossier sera repris lors de la prochaine Assemblée, au mois de novembre.

Malgré un début chaotique, «cette journée a été un vrai gain, le niveau de confiance est remonté», constate le délégué vaudois Jean-Michel Sordet. Le message plein d’humilité de Gottfried Locher a contribué à la cohésion de l’Assemblée: «Nous sommes allés trop vite dans ce projet et nous avons fait des erreurs. Mais ce qui me tient vraiment à cœur n’est pas la révision de la Constitution mais de trouver un moyen de faire croître la confiance dans ce processus».

Cet article a été cité dans:

L'édition du 20 juin 2014 de Reformierte Presse.