Les Eglises protestantes fortifient leur soutien aux aumôneries des centres pour requérants d’asile

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Les Eglises protestantes fortifient leur soutien aux aumôneries des centres pour requérants d’asile

Laurence Villoz
23 juin 2014
Plusieurs centres d’accueil fédéraux ont été créés dernièrement, et le temps d’attente pour les requérants pourrait y être plus long. Face à cette évolution, les délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse ont décidé d’augmenter leurs contributions financières aux aumôneries des centres, lors de l’Assemblée du 15 au 18 juin, à Scuol, dans les Grisons.

Photo: L’Eglise de Scuol dans les Grisons

, Scuol

«La réalité de la migration concerne toutes les Eglises. L’aumônerie doit être présente dans les lieux d’accueil où le questionnement existentiel est particulièrement sombre», explique le délégué pour le canton de Vaud, Laurent Zumstein, lors de l’Assemblée de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), du 15 au 18 juin, à Scuol. Depuis 1999, la Feps soutient les services d’aumônerie dans les cinq centres d’enregistrement et de procédure de la Confédération (CEP) – Vallorbe (VD), Bâle (BS), Altstätten (SG), Kreuzlingen (TG) et Chiasso (TI) – et dans les zones de transit (ZT) des aéroports de Genève et de Zurich.

Fin 2013, l’Office des migrations (ODM) disposait de 1300 places entre les CEP et les centres temporaires fédéraux. L’ODM espère développer sa capacité d’accueil à 5000 places ces prochaines années. Début 2014, un centre fédéral en phase de test à Juch/Zurich, permettant une procédure d’asile accélérée, a été mis en place. Un autre centre fédéral a été créé pour une durée de dix à Perreux, dans le canton de Neuchâtel. Parallèlement, des centres temporaires de la Confédération sont ouverts, souvent dans des régions isolées, pour des périodes de six mois. Actuellement, les autorités fédérales planifient une restructuration dans le domaine de l’asile. Elles ont, d’ailleurs, soumis un projet, en cours de consultation, pour modifier la loi qui ferait passer à 140 jours la durée de séjour dans les centres fédéraux contre maximum 90 jours, actuellement.

Surplus de travail dans les aumôneries

«Les ressources des services d’aumônerie, limitées en personnel, rendent difficile le contact avec certains requérants qui en auraient besoin», remarque la Feps, après un sondage auprès des aumôniers des centres. De plus, les aumôneries ne bénéficient pas toutes de locaux spécifiques. Par ailleurs, la souffrance psychique des requérants, liée à leur passé, et les problèmes de dépendance et de violence dans les centres rendent le travail des aumôniers pénibles. Cette situation soulève «la question d’une supervision pour les aumôniers».

Actuellement, les Eglises de la Feps versent une «compensation solidaire» de 220’000 francs annuels, répartis entre les Eglises des cantons qui abritent un CEP. Mais la création de nouveaux centres fédéraux et l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile dans ces centres nécessitent, entre autres, l’engagement de nouveaux collaborateurs dans les aumôneries. Face à cette évolution, les délégués ont décidé, pour la législature de 2015 à 2018, d’apporter leur soutien aux nouveaux centres de la Confédération à Perreux (NE), au centre-test à Juch/Zurich ainsi qu’aux Eglises dont le territoire ecclésial comporte un centre temporaire. Parallèlement, les délégués maintiennent les contributions pour les services d’aumônerie des cinq CEP et des ZT.

Pendant les votes, un délégué de Thurgovie a néanmoins soumis une motion demandant à plafonner les contributions à 300’000 francs. Une demande qui a été rejetée par l’Assemblée. «On donne je ne sais combien d’argent pour le jubilé de la Réforme et là, pour les plus démunis, on voudrait faire des économies!», a réagi Pia Grossholz-Fahrni, déléguée pour les Eglises Berne-Jura-Soleure. L’enveloppe financière sera décidée lors de l’Assemblée d’automne 2014.