L’Eglise présente parmi les requérants incarcérés en vue d’une expulsion

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L’Eglise présente parmi les requérants incarcérés en vue d’une expulsion

27 juin 2014
Le service ecclésial des mesures de contraintes dans le canton de Berne se bat depuis plus de 15 ans pour défendre la dignité humaine derrière les murs des prisons où des requérants d’asile attendent leur renvoi.

«Mon objectif est de voir que la personne que je visite va mieux qu’au début de notre entretien. L’amélioration peut s’exprimer au moment de mon départ par un petit sourire, un merci», explique une des bénévoles du Service ecclésial des mesures de contraintes dans le canton de Berne (SEMC) citée par le communiqué de presse présentant les activités de ce service qui a fêté l’an dernier ses 15 ans.

Photo: Image extraite du documentaire «Vol spécial» tourné au centre genevois de Frambois. ©F. Melgar

Depuis l’automne 1998, le SEMC organise, un service de visites et un appui juridique pour les migrants et les migrantes incarcérés en vue d’une expulsion du territoire Suisse. Cette instance indépendante est proposée par les associations des avocats bernois et des juristes progressistes du Canton de Berne avec l’appui financier des Eglises réformée, catholique et catholique chrétienne et des communautés israélites du Canton.

Le SEMC milite pour des conditions de détention plus respectueuse des droits humains. En particulier pour les femmes. «Les femmes en détention sont souvent en situation de total isolement physique et psychologique avec les conséquences qui en résultent en terme de dépression et de pathologies», dénonce encore le communiqué.

«Depuis le début des activités du SEMC en automne 1998, l’incarcération d’étrangers et d’étrangères liées aux mesures de contrainte en matière de droit des étrangers a massivement augmenté. Le nombre de jours de détention exécutés dans le canton de Berne est passé d’environ 10’000 par an à presque 40’000 en 2012. La raison en est une augmentation du nombre de migrants et de migrants, en particulier originaires d’Afrique, et des dispositions légales plus restrictives.»

«Il est vrai que ces incarcérations sont toujours mal vécues par les migrants qui peuvent rester sous régime carcéral jusqu’à 18 mois et dont le seul crime, pour une partie d’entre eux, est de n’avoir pas d’autorisation de séjour en Suisse», explique Anne-Madeleine Reinmann, diacre à l’aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérants d’asile (AGORA). Nous rendons visite à ces détenus particuliers depuis que la détention administrative existe.

Dans ce cadre, elle visite chaque semaine la vingtaine de personnes incarcérée dans chacun des deux établissements genevois où sont emprisonnés les requérants en attente de renvois. «Les personnes en attente d’un renvoi vers un autre pays d’Europe en application des accords de Dublin sont incarcérées à l’établissement de Favra. La procédure ne dure généralement qu’un mois. Mais les personnes incarcérées à Frambois en attente de renvoi vers leur pays d’origine y passent souvent 6 à 18 mois. C’est dur, même si le personnel de ces établissements est très humain.» Des incarcérations longues qui se terminent parfois par une libération pure et simple faute d’avoir pu réunir les éléments permettant un renvoi.

Malgré le caractère ubuesque de ce cadre, Anne-Madeleine Reinmann est enrichie par les rencontres qu’elle y fait.

(comm/job)