Le virus Ebola est-il une malédiction divine?

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Le virus Ebola est-il une malédiction divine?

Fredrick Nzwili
29 août 2014
Certains dirigeants chrétiens présentent l’épidémie comme une punition de Dieu, fâché par la corruption et l’immoralité, dont l’homosexualité.

Photo: Un virus Ebola visualisé en microscopie électronique

RNS/Protestinter, Nairobi, Kenya

Alors que les ressortissants de pays occidentaux sont évacués de l’Ouest africain où sévit une épidémie croissante causée par le virus Ebola, certains prédicateurs ont commencé à parler du virus comme d’une malédiction divine.

Le vendredi 8 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l’épidémie du virus était une urgence de santé publique internationale. Le même jour, le Nigéria était le dernier pays d’Afrique de l’Ouest à déclarer l’urgence sanitaire nationale, le lendemain de l’évacuation par l’Espagne vers Madrid d’un prêtre et d’une sœur basés au Libéria.

Le samedi 9 août, une sœur congolaise décédait d’Ebola à Monrovia, la capitale du Libéria, selon Associated Press.

L’épidémie a débuté en décembre en Guinée, mais n’a été découverte qu’en mars. Elle a depuis causé la mort de plus de 1000 personnes au Libéria, en Guinée et au Sierra Léone.

«Les gens ont différentes idées fausses qui les poussent à croire que cela vient de Dieu», a déclaré l’évêque Sumoward Harris, retraité de l’Eglise luthérienne au Libéria. «Cela dépend comment on interprète la Bible, mais je ne crois pas que Dieu soit fâché et nous punisse ainsi.»

Au Libéria, plus de 100 leaders chrétiens se sont réunis début août et ont déclaré que Dieu est fâché et qu’Ebola est une plaie. Ils ont appelé à la prière pour demander le pardon pour les pêchés du peuple, dont la corruption est les actes immoraux comme l’homosexualité.

Le Libérien Wilmot Kotati Bobbroh dirigeant de l’Eglise pentecôtiste «Living Water» (eau vive), a déclaré plus tard que l’épidémie était une malédiction nationale envoyée par Dieu pour forcer le peuple à la repentance. «Le chlore et le savon ne fonctionnent pas, a-t-il déclaré, mais la Grâce de Dieu sauve des gens»

Au Sierra Léone, un point de vue similaire est en train de gagner l’opinion publique, selon Ebun James-Dekam, secrétaire générale du Conseil des Eglises au Sierra Léone. «Il y a des similarités avec ce qui s’était passé lorsque l’épidémie de VIH/SIDA s’est déclarée», déclare-t-elle. «D’abord, les gens infectés par le virus Ebola au Sierra Léone ont compté sur les soins des guérisseurs traditionnels, mais ces traitements se sont avérés inefficaces». Elle ajoute «mais du côté des Eglises, pratiquement toutes recourent à des professionnels de la santé pour les traitements.»

L’évêque Sumoward Harris explique que le virus s’est répandu rapidement parce que l’on en savait peu à son sujet et le gouvernement n’a pas réagi de façon musclée. «Les gens avaient commencé à réunir leurs connaissances autour des malades pour prier, alors que d’autres administraient des traitements à base de plantes», relate Sunoward Harris. «Le temps que l’on réalise que c’était une épidémie, elle s’était propagée et était devenue hors de contrôle. Nous sommes maintenant dépassés.» L’évêque en conclut donc à un besoin urgent de personnel et de matériel médical.

Cet article a été publié dans :

L'édition du 30 août 2014 du quotidien genevois Le courrier.