Un rituel pour passer dans l’au-delà

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Un rituel pour passer dans l’au-delà

Laurence Villoz
31 octobre 2014
Chaque jour, environ trois personnes décèdent au Centre hospitalier universitaire vaudois. Entre prières et discussions, le pasteur et aumônier, Daniel Pétremand, accompagne les malades en fin de vie.

Photo: CC (by-sa) David Boté Estrada

Alors que la journée du 2 novembre est consacrée à la commémoration des défunts, l’accompagnement des personnes en fin de vie fait partie du quotidien de Daniel Pétremand, aumônier au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). «Face à la mort, le rituel est un élément structurant. Il répond à un besoin humain profond», explique le pasteur. Et si l’Eglise catholique propose le sacrement des malades, appelé autrefois l’Extrême-onction, «il n’y a pas de cérémonie strictement protestante qui ritualise la fin de la vie».

«Le besoin des patients est prédominant. Parfois, je lis un psaume auprès de la personne. Ou encore, on se réunit avec la famille autour du lit du patient et on le remercie pour ce qu’il nous a offert. J’aime rappeler que ses valeurs personnelles ou certains de ses actes vont perdurer au-delà de sa mort». Toutefois, Daniel Pétremand ne partage ces moments qu’avec les personnes avec lesquelles il a passé du temps. «Je n’irais pas dire une prière auprès d’un patient que je ne connais pas, au risque d’être intrusif. Le rituel doit avoir du sens pour la personne en fin de vie ou ses proches».

Un rituel pour les familles

Seuls quelques malades sollicitent les aumôniers pour un rituel. «Ce sont surtout les familles qui me demandent de passer vers leur proche mourant. En général, les patients ont toujours une longueur d’avance sur leur famille. Ils ont réalisé un travail intérieur que la famille n’a pas encore fait», ajoute Daniel Pétremand. Chaque aumônier travaille dans un ou plusieurs services du CHUV. Et alors qu’environ trois personnes décèdent quotidiennement au CHUV, le service d’aumônerie est systématiquement averti des situations de fin de vie. «Dans ces circonstances, je propose toujours de passer vers le patient qui est évidemment libre de refuser ma visite».

Selon une étude réalisée par le service d’aumônerie, seulement 3% des patients demandent à voir un aumônier lors de leur hospitalisation. Par contre, 85% des malades acceptent sa visite lorsqu’il se présente dans leur chambre. «Pour la majorité des patients, l’aumônier est «l’ecclésiastique de service». Mais quand on passe spontanément vers eux, ils ont une autre image de nous et se rendent compte qu’on vient pour les accompagner sans forcément parler de religion. Et finalement, la présence de l’aumônier avec le renvoi symbolique qu’il produit chez le patient a un effet apaisant, au-delà du côté purement religieux et même si je n’effectue pas de rituel».

Le 2 novembre

Dans l’Eglise catholique, la journée du 2 novembre est consacrée à la célébration et à la commémoration des défunts. Elle a lieu le lendemain de la Toussaint qui est la fête de tous les saints. Du côté des protestants, le 2 novembre n’est traditionnellement pas célébré. Par contre, dans certaines paroisses romandes, un culte du souvenir a lieu le dernier week-end de l’année liturgique, c’est-à-dire le dernier week-end du mois de novembre. Durant cette cérémonie, le célébrant évoque les noms des personnes qui ont vécu une étape cruciale dans leur vie: le baptême, la confirmation, le mariage ou le service funèbre.

Cet article a été publié dans:

L'édition du 1er novembre 2014 du quotidien genevois Le Courrier.