Grands-parents pour le climat!

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Grands-parents pour le climat!

7 novembre 2014
Chaque semaine, Protestinfo laisse carte blanche à une personnalité réformée.

Jean Martin, ancien membre de la Commission nationale d’éthique, présente une action qui le touche.

Photo: CC(by-nc-sa) Photonquantique

Je suis grand-père –et je trouve que c’est un beau métier. J‘observe que les seniors peuvent encore rendre des services par leur expérience, le recul que donne la durée, une certaine sagesse –on veut l’espérer.

En septembre dernier a été lancé à Lausanne le mouvement «Grands parents pour le climat», suisse romand à ce stade, qui veut contribuer à répondre aux graves enjeux actuels.

Quelques jours plus tard, le 21 septembre, des milliers de marches étaient organisées dans le monde pour manifester les inquiétudes à cet égard; la «People’s Climate March» a rassemblé à New York 300’0000 participants, selon Time magazine. Et, le 23 septembre, s’est tenu dans cette ville le Sommet sur le climat des Nations Unies, où le président Obama a eu cette formule: «Nous sommes la première génération à ressentir le changement climatique et la dernière à pouvoir agir avant qu’il ne soit trop tard».

Après leurs homologues des pays nordiques, du Canada et des USA, les grands-parents se mobilisent donc dans notre pays pour l’avenir de leurs descendants. L’impulsion est venue des rédacteurs de La Revue Durable (magazine basé à Fribourg et que je soutiens). Le problème ne les touchera guère, ils ne seront plus là quand les plus désastreuses conséquences seront concrétisées. Néanmoins, porteurs d’une responsabilité intergénérationnelle, ils veulent que le monde de demain soit encore «vivable».

Des droits et des devoirs

L’association rappelle l’excellente formule (attribuée à une variété d’auteurs) «Nous n’héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants». Tiré de leur texte fondateur: «L’âge nous donne des droits, des places assises, des rabais, parfois même du respect. Face à l’urgence climatique, nous nous reconnaissons aussi des devoirs. Avec l’énergie [qu’ont encore de nombreux retraités], nous nous engageons en nous appuyant sur l’autorité scientifique des rapports du GIEC». Lucidement, ils accordent un grand crédit aux rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat –dont les conclusions à vrai dire ne sont plus contestées que par quelques aveugles ou sourds.

Ils entendent joindre leurs efforts à ceux de groupes comparables émergeant ailleurs. «Nous voulons que nos petits-enfants et ceux de la planète puissent vivre et connaître la beauté du monde... Nous ne voulons pas qu’ils nous reprochent de n’avoir rien fait pour le climat».

Pratiquement, tout en utilisant les canaux politiques de notre démocratie, les Grands-parents pour le climat veulent que soient réexaminés fondamentalement nos comportements et nos choix, dans l’habitat, les consommations, les déplacements, privilégier les achats économes en économie grise (à savoir attentifs aux externalités en termes d’usage évitable de ressources), promouvoir de nouvelles formes de solidarité au niveau planétaire.

Idéalistes sans doute, mais ces seniors ont appris le réalisme: «La complexité du marché mondialisé, la diversité des cultures concernées nous rendent humbles devant cette tâche». Mais il y a urgence: «Si nous n’agissons pas, les lenteurs et forces d’inertie en présence entraîneront beaucoup d’irrémédiables dégâts». Il s’agit donc d’aiguillonner les concitoyens, les médias, les politiques afin que la prise de conscience des risques climatiques s’accélère et que les actions suivent. Nous-mêmes, disent-ils, nous engageons personnellement à adopter des modes de vie plus simples et économes.

Recherche de modalités durables

A propos de recherche de modalités durables de vie sur cette Terre, je mentionne le documentaire «Sacrée croissance!» de la journaliste d’investigation française Marie-Monique Robin qui montre le développement de diverses manières de modes de production agricole de proximité et de circuits commerciaux courts, loco-régionaux. Développement aussi de monnaies locales: thème particulièrement intéressant, avec des effets écologiques marqués.

Sur tous les continents, on voit aujourd’hui des réussites, des projets améliorant l’alimentation, la santé et la qualité de vie tout en étant durables. Mais il y a aussi les contre-exemples qui tempèrent un éventuel optimisme (par exemple, voir une émission sur la «croissance miracle» de tel ou tel pays du Golfe après un reportage enthousiasmant sur la promotion d’énergies renouvelables et des façons de vivre plus frugales).

Comment les choses évolueront-elles dans les années qui viennent? Je me souviens de la formule d’un historien des sciences disant que, comme personnes, on ne se rend pas compte sur le moment du fait que la/notre société vit une mutation majeure, une (r)évolution –que c’est plus tard que d’autres le réalisent. Peut– on espérer que la lame de fond d’une réorientation de nos attitudes et pratiques vis-à-vis de la croissance –si souvent dite indispensable, «sacrée»– est en route? Dans tous les cas, les Grands-parents pour le climat n’entendent pas se reposer sur un tel espoir, ils vont activement se faire entendre, parce que nous devons entrer dans la post-croissance