Réconciliations familiales

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Réconciliations familiales

Philippe Krasnopolski
12 décembre 2014
Majoritairement évangéliques, les associations familiales protestantes veulent se rapprocher des institutions luthéro-reformées. Sans pour autant renier leurs positions sur la famille.

Photo: CC(by-nc-sa) Barnaby Wasson

, Paris

Une famille réunie. C’est en présence des dirigeants des deux principales branches du protestantisme français –François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF) et Etienne Lhermenault, président du Conseil national des évangéliques (CNEF)– que s’est tenu ce samedi 6 décembre le colloque de la Fédération nationale des associations familiales protestantes (AFP) sur le thème «Tu diras à ton fils…» (De. 6:21). Une manifestation précédée le matin même par l’assemblée générale des AFP et l’élection à leur tête de Françoise Caron qui, depuis le décès de son prédécesseur en mars dernier, en assurait la coprésidence avec Jean-Hughes Carbonnier.

Une première. Contrairement aux évangéliques, jamais jusqu’ici la Fédération protestante et les responsables des églises luthéro-reformées réunies aujourd’hui au sein de l’Eglise protestante unie de France (EPUDF) n’avaient délégué un représentant officiel d’un tel niveau à un rassemblement des AFP. Il faut dire que les relations entre ces institutions et Pierre-Patrick Kaltenbach, refondateur des AFP et leur président depuis 1975, étaient, bien qu’il soit lui-même réformé, pour le moins compliquées voire tendues.

Ces deux dernières années, PPK, comme le surnommaient ses amis, et les responsables des AFP s’étaient néanmoins rapprochés de la rue Clichy –le siège de la FPF et de l ’EPUDF à Paris– et avaient tenté de renouer le dialogue. En rencontrant notamment François Clavairoly. Conciliant, réconciliant même, ce dernier, après avoir rendu hommage à leur ancien président, a invité samedi les responsables des AFP à travailler avec la FPF.

Pour expliquer ce geste, il suffit de regarder les chiffres: aujourd’hui, l’AFP compte 110 associations locales dans 50 départements; elle n’en recensait qu’une trentaine il y a dix ans. Sa croissance –la plus forte au sein du mouvement familial français– elle la doit surtout aux évangéliques qui représentent les trois quarts de ses 5000 adhérents. Les AFP sont-elles pour autant devenues un mouvement évangélique? «Certainement pas, répond Françoise Caron. Je suis moi-même évangélique, mais Jean-Hughes Carbonnier, notre vice-président, est reformé. Et au sein du conseil d’administration, nous essayons de maintenir la parité entre les deux courants tout en privilégiant la compétence. Nous voulons travailler avec la FPF comme nous le faisons déjà avec le CNEF pour que nos voix portent plus fort quand nous rencontrons des ministres et des parlementaires».

Le 23 février 2013, les AFP et le CNEF ont en effet signé un accord au terme duquel les deux organisations «décident de coordonner leurs moyens pour promouvoir une action familiale associative et protestante unie au sein des Eglises issues de la Réforme.» Les AFP souhaiteraient aujourd’hui entreprendre la même démarche avec la FPF et l’Eglise protestante unie. Une première étape: Françoise Caron et Jean-Hughes Carbonnier en discuteront le 16 janvier prochain lors d’une réunion avec Didier Crouzet, le secrétaire général de l’EPUDF.

Reste un problème de fond: les positions très fermes des Associations familiales protestantes contre le mariage pour tous, l’adoption par les couples homosexuels, la gestation pour autrui, la procréation médicalement assistée ou encore sur la question de la fin de vie et la politique familiale dont l’universalité est menacée par l’actuel gouvernement. Face à un discours moins tranché côté luthéro-reformé.