Un service d’écoute téléphonique d’urgence pour ceux qui voudraient devenir athées

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Un service d’écoute téléphonique d’urgence pour ceux qui voudraient devenir athées

20 mars 2015
Quitter une religion implique souvent de ruptures avec des amis, voire des membres de sa famille. Pour venir en aide aux athées en devenir, une association américaine a créé une hotline accessible jour et nuit.

Quitter une religion implique souvent de ruptures avec des amis, voire des membres de sa famille. Pour venir en aide aux athées en devenir, une association américaine a créé une hotline accessible jour et nuit.

Par Kimberly Winston, RNS-Protestinter

Le 27 février dernier, un nouveau service d’assistance téléphonique de crise a été lancé pour tous ceux qui hésitent entre la foi et l’athéisme. Appelé «projet hotline», ce service gratuit accessible 24h sur 24h est assuré par des bénévoles. Il est destiné à tous ceux qui envisagent de quitter leur religion.

Permettre aux gens de mieux vivre des transitions délicates au moyen d’une assistance téléphonique: cette initiative est une réalisation de l’association «Recovering from religion» (se remettre de la religion), dont le siège se trouve à Kansas City, dans le Missouri. Cette association à but non lucratif a été créée pour venir en aide à ceux qui perdent la foi, ou qui veulent quitter leur religion. «Quand les gens reconsidèrent le rôle que la religion joue dans leur vie, ils risquent de perdre leurs familles, leurs conjoints, leurs emplois», explique Sarah Morehead, directrice exécutive de l’association. «Ces gens sont isolés, exclus, rejetés. Au fond d’eux-mêmes, ces personnes sont déchirées. C’est poignant.»

Fournir une écoute, un soutien, des ressources 24 h sur 24

Le but de la hotline est d’offrir à ces personnes une oreille attentive, un soutien et des ressources. Les bénévoles ne vont pas débattre de religion avec les gens, ou essayer de les convaincre de quitter leur religion, a continué Sarah Morehead. La devise de la hotline reflète sa recherche de neutralité: «quand la foi ne tient qu’à un fil, nous sommes au bout du fil.» Aux Etats-Unis, l’appel est gratuit au numéro 184 — I-DOUBT-IT. Pour en arriver là, il a fallu deux ans de préparation et environ 50’000 dollars, raconte la directrice de l’association. La majeure partie des fonds vient de dons récoltés en trois semaines environ; un gros donateur qui souhaite rester anonyme a apporté un soutien supplémentaire. Le personnel de la hotline est composé de volontaires qui ont suivi un minimum de 10 heures de formation. Pas moins de 80 bénévoles ont reçu une formation complète pour le lancement du service d’assistance téléphonique, et ce nombre devrait atteindre les 100 rapidement, d’après l’association. La majorité des bénévoles sont résidents aux Etats-Unis, mais il y a aussi des bénévoles qui habitent au Canada, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud.

Même aux USA, être ouvertement athée ou soutenir l’athéisme peut s’avérer dangereux

Le lancement du service d’assistance téléphonique a eu lieu un jour après l’assassinat d’Avijit Roy, écrivain, blogueur et militant athée d’origine américano-bangladaise. Il a été tué à coups de machette le 26 février 2015, lors d’un voyage à Dhaka, au Bangladesh, son pays natal. Avijit Roy y était né dans une famille musulmane, religion majoritaire dans ce pays. Devenu ingénieur, il s’était installé aux Etats-Unis. Fervent défenseur de la laïcité, il critiquait ouvertement l’islamisme radical et avait créé le blog Mukto-Mona, qui regroupait plusieurs intellectuels et militants, tous défenseurs comme lui de la liberté d’expression, du rationalisme et de l’athéisme. Une librairie en ligne avait renoncé l’année dernière à vendre ses livres à la suite de menaces. Aux Etats-Unis, il arrive aussi que les athées, et même ceux qui prennent l’athéisme en compte, soient parfois menacés. L’exemple le plus frappant est celui de Jessica Ahlquist, une adolescente qui a reçu des menaces de mort en 2011, après avoir demandé le retrait d’une banderole de prière à son école secondaire de Rhode Island. Dans les rassemblements d’athées, nombreux sont ceux qui partagent l’histoire de leurs amours perdues, de leur carrière brisée et de la perte de leurs moyens de subsistance. «Nous voulons donner aux gens un endroit sûr, où ils peuvent appeler, obtenir des réponses à leurs questions et trouver quelques ressources», conclut Sarah Morehead.