Sites religieux détruits au Népal

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Sites religieux détruits au Népal

Kimberly Winston
8 mai 2015
En une minute, le tremblement de terre du 25 avril dernier du Népal a lourdement frappé la population. Il a aussi renversé, détruit et endommagé un millénaire d’histoire religieuse. Quels sont les bâtiments religieux qui n’existent plus? Quelle est leur signification religieuse et pour qui? Seront-ils reconstruits? Explications.

Photo: Un moine sortant du temple Swayambhunath Stupa à Katmandou ©RNS/REUTERS/Navesh Chitrakar

, RNS/Protestinter

Quelle est ou quelles sont les religions des Népalais?

Environ 80% des personnes qui vivent au Népal sont hindoues, ce qui en fait la deuxième plus grande nation hindoue après l’Inde. Mais ce petit pays montagneux est également le lieu de naissance du Bouddha. On y trouve donc des bouddhistes, mais aussi des musulmans et des chrétiens.

Quels sont les principaux sites religieux au Népal et pour qui sont-ils sacrés?

Le site religieux le plus important du pays se trouve à Lumbini, à l’ouest de Katmandou, tout près de la frontière indienne. Lumbini est parfois appelé la «Bethléem bouddhiste», car il est le lieu de naissance de Siddharta Gautama, le noble indien qui devint le Bouddha, en 623 avant Jésus-Christ.

C’est là que l’on dit que la reine Maya Devi, la mère de Siddhartha, lui aurait donné naissance, à l’emplacement actuel où se trouve le Temple qui porte son nom à Lumbini. Elle aurait baigné son bébé dans sa piscine adjacente.

La partie ancienne de la place est entourée de nombreux nouveaux temples et monastères, mais elle abrite surtout un arbre sacré appelé Bodhi, le même type d’arbre sous lequel on raconte que le Bouddha était assis lorsqu’il a atteint l’illumination.

Les archéologues ont trouvé des preuves de l’existence d’un culte sur ce site dès 1000 av. J.-C., peut-être des adorateurs d’arbres prébouddhistes.

L’étendue des dommages à Lumbini n’est pas encore connue en raison de la difficulté de s’approcher et d’aller dans cette région. Mais l’on sait que deux sites importants pour les bouddhistes tibétains ont été particulièrement touchés. Le premier est stupa de Boudhanath, un sanctuaire situé à environ 11 kilomètres de Katmandou et qui date du Ve siècle. C’est à la fois un tumulus et un lieu de prière, qui a été construit peu de temps après la mort supposée de Siddhartha. D’après les informations qui nous sont parvenues, sa flèche d’or à feuilles avec quatre paires d’yeux bleus peints (le symbole bouddhiste pour la sagesse et l’illumination) s’est effondrée. Le stupa qui est en forme de dôme et se trouve sous la flèche est toutefois encore debout, malgré les dégâts.

Le deuxième, dans la vallée de Katmandou, est le stupa Swayambhunath appelé aussi le «temple des singes» à cause d’une colonie de singes sacrés qui y vivent: datant du Ve siècle, il est gravement endommagé. Ce temple était construit autour du plus ancien stupa de la vallée de Katmandou, et marquait l’endroit où les bouddhistes croient que Manjushri, un être illuminé associé à la sagesse, a eu la vision d’un lotus grandissant de plus en plus dans la vallée remplie d’eau. Il se serait alors assis là pour adorer le lotus, et la légende raconte que les singes ont été créés à partir des poux qu’il avait dans les cheveux. Des photographies qui nous sont parvenues montrent que la façade du temple et plusieurs de ses dépendances ont été détruites.

Est-ce que les temples et sites sacrés bouddhistes sont les seuls à avoir été touchés par le tremblement de terre?

Non, les sites hindous ont été également endommagés, en particulier ceux qui se trouvent dans les villes du centre du Népal.

Le temple Maju Deval au centre de Katmandou, construit en 1690 et dédié à Shiva, a été entièrement détruit. Il était connu pour ses nombreuses sculptures extérieures et le point de vue qu’il offrait sur la place Durbar. Il abritait un lingam (ou linga) de Shiva, une pierre dressée d’apparence phallique et vénérée comme étant une représentation du dieu, et de l’énergie masculine.

Toujours à Katmandou, le temple Trailokya Mohan, construit en 1680 est lui aussi détruit. Il était consacré au dieu Vishnu; sa structure à triple toit s’est effondrée sur elle-même.

D’autres temples hindous situés à Bhaktapur ont également souffert. Notamment le temple Vatsala Durga, construit en 1696 en l’honneur de la déesse Durga qui semble s’être effondrée, ainsi que celui de Changu Narayan, le plus ancien temple hindou du Népal, qui l’est partiellement. On ne sait pas encore combien de ses nombreuses sculptures extérieures de bêtes mythiques et de représentations de Vishnu, le dieu auquel est dédié ce temple ont disparu.

Ces sites pourront-ils être reconstruits?

Même si à ce stade, on ne peut pas encore le dire, les experts dans le domaine sont pessimistes. La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, qui reconnaît tous ces sites comme appartenant au patrimoine mondial, a déclaré que nombre d’entre eux ont été touchés par «des dégâts considérables et irréversibles».