Photo: Des militants pro-vie CC(by-nc) American Life League

Alors que l’opinion des Américains sur toute sorte de questions morales et éthiques est fluctuante, ces dernières années, les chiffres concernant l’avortement restaient plutôt stables: les rangs des opposants avaient même plutôt tendance à se gonfler. Mais un sondage Gallup publié vendredi 29 mai, montre que les choses sont peut-être en train de changer. Pour la première fois de façon significative ces dernières années, les «pro-choix» (défenseur du droit des femmes au contrôle de leur fertilité) sont plus nombreux que les «pro-vie» (défenseur du droit à la vie des embryons et fœtus). En effet, 50% des personnes interrogées se reconnaissent désormais comme pro-choix, alors que les pro-vie sont stables depuis 2008 à environ 44%

Les données suggèrent que cela pourrait être la fin de l’évolution des chiffres en dent de scie, qui a caractérisé l’opinion publique américaine ou cours des dernières années. «Le point de vue pro-choix n’est pas aussi répandu parmi les Américains qu’il l’était au milieu des années 1990, mais le renforcement des pro-vie qui a commencé quand Barack Obama a pris ses fonctions, a conduit à un rebond des pro-choix», analyse Lydia Saad de Gallup dans les résultats de l’enquête menée début mai. «Ce rebond restaure la situation à ce qu’elle était en 2008. Les points de vue présentés sont également similaires à ceux de 2001.»

Mais ce sondage montre également un rejet des étiquettes pour 39% de la population puisque 21% des personnes interrogées ne se reconnaissent ni comme pro-choix, ni comme pro-vie alors que 18% se reconnaissent comme les deux à la fois!

L’enquête Gallup du 26 mai sur toute une gamme de sujets brûlants montre toutefois une diminution uniforme depuis 2001 de l’importance des mouvements conservateurs, en particulier sur l’acceptation des gays et des lesbiennes.

Le nombre de ceux qui considèrent l’avortement comme moralement acceptable n’a augmenté que de 3% ces dernières années à 45%. Un nombre égal des répondants considère que cela est moralement répréhensible. Les données suggèrent toutefois que si les Américains ont des scrupules sur cette question, ils sont aussi de plus en plus nombreux à défendre le droit à l’avortement. Quelque 42% des répondants pensent que l’avortement devrait être légal dans «certaines circonstances» (29%) ou dans «la plupart des cas» (13%). Pour 36% cette procédure ne devrait être légale que dans des cas exceptionnels.

Ce changement intervient alors que les Etats américains restreignent de plus en plus l’accès à l’avortement et où l’interdiction de l’avortement au-delà de la 20e semaine de grossesse est débattue. Il n’est pas sûr que cette majorité nouvelle de pro-choix induira une trêve dans la bataille politique sur l’avortement. Ce qui est sûr c’est que cela jouera un rôle lors de la présidentielle de 2016: les démocrates restent majoritairement pro-choix (68%) et les républicains pro-vie (31%)

Enfin dans son analyse, Gallup note que même si les termes pro-choix et pro-vie n’ont pas été définis lors du sondage, les questions sur la légalité de l’avortement confirment que ceux qui sont favorables à l’étiquette pro-choix soutiennent généralement de larges droits à l’avortement alors que les pro-vie restreignent ces droits.