Les raisons pour lesquelles je déteste aller à l’église
Photo: Eliel Cruz © RNS
Je dois me forcer à aller à l’église. Le samedi matin, alors que les adventistes, comme moi, respectent le sabbat, je reste longtemps au lit. Parfois, je me replie sur moi et je ferme les yeux. D’autres fois, je me force à me lever et me prépare, physiquement et mentalement, à y aller.
Cela n’a pas toujours été ainsi. Je me souviens, quand j’étais adolescent, je me réveillais et je me réjouissais d’aller à l’église. Et la plupart du temps, je chantais aux deux services et je restais de longues heures après les vêpres, le soir.
Tout a changé quand j’ai annoncé ma bisexualité. Je ne me sentais plus le bienvenu aux cultes. On ne m’a pas explicitement dit de rester à l’écart. Certes, certains membres ont exprimé leur déception (comme s’ils avaient quelque chose à approuver ou désapprouver). Mais, ce sont plutôt de petites choses qui m’ont clairement signifié que je ne serais jamais un membre à part entière de l’Eglise.
Je ne pense pas que beaucoup de chrétiens hétérosexuels savent qu’il suffit d’un seul sermon condamnant l’homosexualité pour que les lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT) sentent qu’ils ne sont pas les bienvenus. Si la seule fois que vous mentionnez la communauté LGBT, c’est pour la condamner, comment sommes-nous censés croire que vous nous aimez? Certaines personnes ont une position conservatrice face à l’homosexualité et pourtant elles se comportent de façon accueillante et aimante, y compris dans les faits, mais c’est incroyablement rare.
Condamnation des homosexuelsLa plupart du temps, les prédications traditionnelles condamnent l’homosexualité ou considèrent que les LGBT n’existent pas, que ce n’est qu’une théorie, alors que nous sommes assis sur les bancs. Les sermons considèrent les rapports sexuels entre deux personnes de même sexe comme une abomination, point barre.
Juste le sexe. On ne parle pas de la façon dont l’Eglise échoue avec la communauté LGBT ou comment nous devrions mieux accueillir les marginaux. Seulement le sexe. Je sais que ce type de sermons n’a lieu que de temps en temps. Pourtant, ils changent tout. Et c’est difficile d’écouter une prédication sur tout autre sujet après cela. Par exemple, un sermon sur la grâce prêché par un pasteur qui ne montre aucune grâce envers la communauté LGBT apparaît comme des paroles en l’air. Pour moi, cela n’a aucun sens.
Si le pasteur parle de l’amour de Dieu pour tout le monde, je vais entendre l’avertissement silencieux «à l’exception des LGBT». Comment pourrais-je croire un pasteur qui dit que si nous acceptons Jésus comme notre sauveur, nous serons sauvés, alors que la semaine d’avant, il a dit «les efféminés ne sont pas des héritiers du Royaume de Dieu»?
Des prédications pour hétérosexuels uniquementNon, ces sermons ne sont pas pour moi. Ils sont destinés à exalter les chrétiens hétérosexuels. J’ai essayé d’aller dans des églises qui soutiennent la communauté LGBT. Elles proposent presque toutes un culte le dimanche. Mais cela ne m’empêche pas d’y aller. J’aime rencontrer de nouvelles communautés, c’est une façon d’élargir mon réseau interconfessionnel.
Mais, j’aimerais être dans une Eglise qui se rapproche le plus de mes convictions. Et actuellement, pour le meilleur et pour le pire, c’est l’Eglise adventiste du septième jour. Malheureusement, ma confession et de nombreuses autres confessions traditionnelles ne veulent rien avoir à faire avec moi. Si elles en avaient envie, les prédicateurs et les fidèles feraient plus que de condamner. Ils trouveraient le moyen, de montrer de façon tangible qu’ils nous aiment et prennent soin de nous.
L’église devrait être un sanctuaire. Un lieu de communion, un endroit saint. L’église devrait être un lieu où les personnes LGBT sont mentionnées, et pas comme des acteurs sexuels, mais comme des enfants de Dieu. Je veux retrouver la sensation d’avoir envie d’aller à l’église et d’être en communion avec les autres croyants, comme quand j’étais jeune. Je me languis de ce lieu.