Les prisons fédérales américaines reconnaissent l’humanisme comme une religion

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Les prisons fédérales américaines reconnaissent l’humanisme comme une religion

6 août 2015
Le Bureau fédéral des prisonniers américains a décidé de reconnaître l’humanisme comme une religion. Les détenus humanistes bénéficient désormais des mêmes droits que ceux des autres confessions.

Photo: «L’homme de Vitruve» de Léonard de Vinci

Par Kimberly Winston (RNS-Protestinter)

Le Bureau fédéral des prisonniers a accepté de reconnaître l’humanisme comme une religion après avoir fait face à une poursuite d’un détenu de l’Oregon. Le projet a commencé un an après que l’armée américaine a décidé de reconnaître l’humanisme comme un choix religieux pour ses soldats, signifiant une volonté générale du gouvernement de reconnaître ce courant culturel, un système de croyances qui ne reconnaît aucune divinité et met l’accent sur la pensée rationnelle.

«Cette décision est une victoire pour tous les humanistes dans le système carcéral fédéral. Ils bénéficient désormais des mêmes droits que les personnes adeptes d’une religion», explique Roy Speckhardt, le directeur de l’Association humaniste américaine (http://americanhumanist.org/) (AHA). Cette association a poursuivi la prison en 2014 au nom de Jason Michael Holden, un détenu du Centre de détention fédéral à Sheridan, dans l’Oregon, qui purge une peine pour vol à main armée. Jason Michael Holden essayait de former un groupe d’études humanistes, un droit offert aux prisonniers d’autres confessions.

En vertu du règlement, le Bureau fédéral des prisons a décidé de reconnaître l’humanisme comme une «vision du monde» et a octroyé à ses adhérents les mêmes droits et la même reconnaissance dont jouissent les détenus des autres religions. Ces droits comprennent la possibilité de demander du temps et un espace pour faire des activités, des visites de pasteurs ou autres aumôniers humanistes et l’accès à du matériel d’étude.

Célébrer la naissance de Darwin

Les prisonniers humanistes auront également le droit de célébrer les «jours saints», tels que la célébration de l’anniversaire du naturaliste Charles Darwin, le 12 février, un jour largement reconnu pour tous les groupes d’humanistes dans le monde. Le Bureau fédéral des prisons a, de plus, ajouté une section sur l’humanisme dans son manuel sur les croyances et les pratiques des détenus.

Parmi les 1,6 million de prisonniers aux Etats-Unis, personne ne sait combien d’entre eux sont humanistes ni adeptes d’autres religions, car le Bureau des statistiques recense rarement ce genre de paramètres. En 2012, le Pew research center, a interrogé les aumôniers des prisons et il en est ressorti que de nombreux détenus essayaient de convertir leurs homologues, souvent avec succès. Trois quarts des aumôniers participant à l’étude ont indiqué qu’il y avait une forte conversion en prison, surtout parmi les protestants et les musulmans.

Jason Michael Holden a expliqué, lors d’une interview à la radio, que l’humanisme était différent de l’athéisme et qu’il méritait une reconnaissance comme les autres croyances. «En tant qu’humanistes, nous croyons à la capacité des êtres humains à dépasser leurs différences et à trouver un terrain d’entente, c’est-à-dire faire du monde un endroit meilleur», a-t-il expliqué.