Climat – combattre le sentiment d’impuissance, vouloir des décisions

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Climat – combattre le sentiment d’impuissance, vouloir des décisions

14 octobre 2015
Protestinfo laisse régulièrement carte blanche à des personnalités réformée.

Pour Jean Martin, ancien membre de la Commission nationale suisse d’éthique et ancien médecin cantonal vaudois, l’humanité doit agir immédiatement contre le dérèglement climatique.

photo: CC (by-sa) Robbert Van der Steeg

Le 30 novembre prochain commence à Paris la Conférence mondiale COP 21 sur le climat. L’espoir existe dans plusieurs milieux que des avancées majeures y seront enregistrées. D’autres restent désabusés par l’échec de Copenhague en 2009; toutefois, au plan politique comme sociétal, on voit des mouvements qui permettent d’espérer mieux.

Dans l’émission «Pardonnez-moi», sur RTS un, Darius Rochebin interviewait le 16 août Nicolas Hulot, envoyé spécial du président Hollande pour la protection de la planète. Nicolas Hulot a repris une formulation de Barack Obama, disant que nous sommes la première génération qui a conscience de sa vulnérabilité et la dernière qui a la faculté d’éviter que son destin lui échappe.

«Notre maison brûle et nous regardons ailleurs», avait dit Jacques Chirac au Sommet de la Terre de 2002 à Johannesburg. Personne n’aime les mauvaises nouvelles et c’est un facteur fort dans la difficulté à sensibiliser nos concitoyens à la réalité des dangers, relevait récemment Jacques Mirenowicz, rédacteur de La Revue durable, lors d’une assemblée à Lausanne de l’association «Grands-parents pour le climat». Il nous coûte d’abandonner l’idée que la terre est corvéable à merci, que l’abondance est la norme…

Aux Etats-Unis, la moitié du pays résiste bec et ongles à l’idée que l’homme est responsable des changements que nous vivons et dont, sauf réorientations capitales de nos modes de produire et de vivre, les effets seront catastrophiques. Pourtant, note Hulot, les plus climato-conscients aux USA sont les militaires, peu suspects d’être des «greenies» (écologistes naïfs).

Malgré ces résistances, de vives pressions se marquent pour obtenir des décisions qui modifieraient dans le bon sens les pratiques actuelles, par exemple:

  • S’engager à laisser sous la terre (sans les exploiter) les 75-80% des ressources non renouvelables qui y sont encore. Il s’agit, à la place, que «les énergies renouvelables deviennent une force économique révolutionnaire susceptible d’alimenter une transition socialement juste», dit la grande organisation 350.org active dans le monde entier (qui tire son nom du fait qu’il importe de redescendre vite du niveau actuel de 400 ppm de carbone dans l’atmosphère à 350). En vue de la conférence de Paris, 350.org collabore avec la personnalité canadienne Naomi Klein, auteure du remarqué «Tout peut changer – Capitalisme et changement climatique».
  • Désinvestir massivement, au plan financier, le domaine des énergies non renouvelables. Convaincu que le climat est l’enjeu principal de l’époque, le journal The Guardian, un de plus respectés de la planète, a décidé de militer pour cette cause. A fin juin, un groupe de leaders de la santé demandait dans le journal à un institut financier majeur, The Wellcome Trust, de s’engager dans un tel désinvestissement (le changement climatique a des impacts considérables sur la santé, la revue Lancet juge, elle aussi, que c’est une menace formidable pour le XXIe siècle). Et le 14 août The Guardian publiait les noms de 1’000 médecins et autres professionnels qui se sont associés à cet appel (dont des Suisses). A la suite de l’encyclique «Laudato si» du Pape François, louée de tous côtés pour sa clarté et son importance politique, des appels sont lancés au Vatican aussi pour qu’il retire son argent du secteur non renouvelable.

Aujourd’hui, la pertinence des conclusions scientifiques du GIEC n’est plus contestée: les faits sont les faits. Et, comme le disait il y a quelques décennies le politique et académique américain Daniel P. Moynihan, si chacun a droit a son opinion, chacun n’a pas droit à ses propres faits! Au-delà de la question technique, est débattue de plus en plus une dimension autre, spirituelle, humaniste; les leaders religieux ont tardé à le faire, mais ils se réveillent. «L’humanité a rendez-vous avec elle-même, ce qui se joue à Paris, c’est l’irréversibilité des phénomènes», assène Nicolas Hulot.

Les ressources non renouvelables ont très souvent au cours de l’histoire été des facteurs de guerres et d’oppression, la promotion des énergies renouvelables a un grand potentiel comme facteur de paix.

Cela étant, la reddition devant la difficulté à changer, l’indifférence (ou le paresseux «Cela a bien été jusqu’ici, cela ira bien encore quelque temps») ne sont pas des options acceptables. Surtout pour ceux qui, d’une manière ou de l’autre, ont à prendre position face aux défis généraux lancés à notre société. Les Eglises notamment; au moment de la réunion de Paris comme à plus long terme, il importe qu’elles apportent vivement leur contribution à la résolution d’une crise qui n’est pas seulement environnementale, mais est, on le voit bien, une crise de civilisation.

Enfin, n’oublions pas que les ressources non renouvelables ont très souvent au cours de l’histoire été des facteurs de guerres et d’oppression, la promotion des énergies renouvelables a un grand potentiel comme facteur de paix.