Pour l’Eglise protestante d’Allemagne, la violence militaire n’apporte pas la paix

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Pour l’Eglise protestante d’Allemagne, la violence militaire n’apporte pas la paix

26 octobre 2015
L’Eglise protestante d’Allemagne considère que la politique de sécurité allemande doit contribuer à instaurer une paix juste dans le monde.

Photo: CC(by-nc) Dirk Vorderstraße

Berlin (EPD/Protestinter). «L’utilisation de la violence militaire n’apporte pas la paix», peut-on lire dans une prise de position, présentée mi-octobre à Berlin, qui prend position en faveur de la paix. «Dans le meilleur des cas, le recours à la violence militaire peut, pendant un temps restreint, permettre de laisser à la politique un espace suffisant pour engager un processus de rétablissement et de maintien de la paix par des moyens civils.» Pour l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD), les armées tomberaient en fait souvent dans le «piège de la disponibilité»: elles seraient envoyées «pour le simple fait d’être là».

Ces thèses constituent la contribution officielle de l’EKD au «Livre blanc sur la politique de sécurité et l’avenir de l’armée allemande en 2016». Ce document a été publié alors qu’on voit émerger cette année pour la première fois un vaste processus de consultation de la société. «Dans l’armée, nous cherchons avant tout, en tant que guides spirituels, à savoir clairement pour quelle mission et avec quel soutien de la société nous envoyons des soldats dans d’autres pays, parfois au péril de leur vie», explique Sigurd Rink, aumônier militaire protestant. Par ailleurs, l’EKD appelle à une politique plus restrictive d’exportation d’armement par l’Allemagne.

Renke Brahms, en charge des questions sur la paix au Conseil de l’EKD, espère que «l’Allemagne va de plus en plus assumer le rôle qui lui a été attribué par de nombreux observateurs internationaux: un rôle clé dans la conciliation des intérêts des différents protagonistes.» Selon lui, le Livre blanc du gouvernement allemand de 2016 doit aller en ce sens: la politique de sécurité et la politique extérieure doivent protéger les hommes de la violence, promouvoir la justice, réduire la misère et garantir la diversité culturelle.

Le texte souligne que pendant la révolution pacifique et la chute du Mur, l’Allemagne est devenue l’emblème de la paix et de la réconciliation dans le monde entier. C’est sur les fondements de cette expérience contraignante et si particulière que l’Allemagne devrait s’engager de toutes ses forces. Dans une perspective éthique pacifiste, l’équilibre de la terreur n’est pas une option pour l’avenir. «C’est pourquoi l’EKD appelle le gouvernement allemand à s’engager pour le désarmement nucléaire et à instaurer une interdiction internationale des armes atomiques.»

La forme que doit prendre l’armée allemande à l’avenir dépend aussi du rôle que l’Allemagne veut jouer au sein de la communauté internationale, comme le constate la déclaration: «L’EKD estime indispensable l’adoption d’une stratégie politique de paix et de sécurité qui soit cohérente et soutenue par une coopération transversale, avec pour objectif principal la prévention des crises civiles.» L’EKD se prononce en faveur d’un meilleur accompagnement des soldats: «L’armée, en tant qu’employeuse, doit présenter de manière réaliste les contraintes et les désagréments de la profession de soldat lors de ses recrutements.»

L’Allemagne devrait également s’impliquer bien davantage dans les missions de police internationale, en envoyant plus d’agents. Selon l’EKD, «dans la recherche de la paix, les moyens non violents doivent avoir la priorité». Selon l’éthique protestante de la paix, la menace et l’utilisation de la violence militaire peuvent être légitimes éthiquement uniquement comme moyens d’action extrême, pour assurer temporairement le bon déroulement d’un processus de paix autonome. Tout recours à la violence doit être intégré dans un «concept» politique global de paix et de sécurité, «selon le primat de la prévention des crises civiles, et avec pour objectif la résolution non violente des conflits et la consolidation de la paix».

Le document de synthèse fait référence aux «Objectifs pour la paix» de l’agenda international de développement qui avait été adopté à New York en septembre 2015. En approuvant cet agenda, l’Allemagne s’est engagée à apporter une contribution décisive vers un développement plus juste et durable.