Le Kenya va réintégrer des centaines de recrues repenties d’al-Shabbaab

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Le Kenya va réintégrer des centaines de recrues repenties d’al-Shabbaab

Fredrick Nzwili
9 novembre 2015
Le Kenya a accueilli 700 citoyens qui avaient rejoint le groupe militant somalien al-Shabbaab
Ce mouvement avait attaqué des églises, des centres commerciaux et des institutions gouvernementales. Leur attaque la plus retentissante fut celle de l’Université Garissa, qui avait fait, ce printemps, 150 victimes, principalement des étudiants chrétiens.

Image: le drapeau d'al-Shabbaab.

, Nairobi, RNS/Protestinter

Le gouvernement, le Conseil suprême des musulmans kényans, et l’organisation internationale pour la migration ont annoncé le retour de citoyens kényans embrigadés par al-Shabbaab. «Ils feront l’objet d’une procédure de réhabilitation, avant d’être réintégrés dans la population», explique Hassan Ole Naado, général adjoint du Conseil suprême des musulmans kényans.

Certaines de ces recrues d’al-Shabbaab ont quitté le groupe armé de leur propre chef. D’autres ont profité d’une amnistie gouvernementale mise en place après le massacre à l’Université Garissa en avril durant laquelle les soldats d’al-Shabbaab ont tué 148 personnes et en ont blessé 79. En septembre 2013, al-Shabbaab avait attaqué le centre commercial Westgate, tuant plus de 60 personnes.

Le Kenya a été la cible d’al-Shabbaab principalement en raison de sa situation géographique. Le pays partage une large frontière avec la Somalie. En outre, Le Kenya est l’un des principaux contributeurs des troupes de l’Union africaine en Somalie.

«Je pense que c’est une excellente opportunité pour le gouvernement d’utiliser ces repentis comme graines de paix pour contrer le discours d’al-Shabbaab», explique Hassan Ole Naado. «Ils ont une expérience de première main.»

Quelques leaders chrétiens ont accueilli avec précaution les repentis. Ils ont mis en garde contre le fait que le groupe recrutait toujours au Kenya. Le révérend Wilybird Lagho, secrétaire de l’archidiocèse catholique de Mombasa, a déclaré que les leaders religieux devraient traiter l’affaire avec précaution, car la loyauté des repentis est inconnue. «C’est un premier pas, mais il faut faire beaucoup de réflexion lorsqu’on traite avec eux», a déclaré Wilybird Lagho. «Nous devons établir si leur loyauté va à la communauté, au gouvernement ou aux extrémistes.» En même temps, ajoute-t-il, c’est une chance pour le Kenya de contrer al-Shabbaab.

Durant plusieurs années, les extrémistes ont recruté activement au Kenya et les repentis étaient simplement noyés dans l’océan, déclare le révérand Wellington Mutiso, président de la l’Eglise baptiste au Kenya. «Je pense qu’il y en a des milliers qui sont partis se battre en Somalie. Ils doivent être convaincus de rentrer à la maison. C’est pourquoi il faut des programmes pour les réhabiliter et les surveiller sur la durée»